Hier, Hannachi Mohamed, 54 ans, père de 4 enfants, a comparu devant le procureur près le tribunal de Annaba en tant qu'accusé. Composée de 12 présidents d'APC de la wilaya de Annaba (11 FLN et 1 RND), la partie civile était également présente dans le bureau du magistrat. Accusé et plaignants ont été sommés de comparaître à la barre le 27 septembre 2009. Président de l'association du quartier Kaouki, une cité parmi les plus démunies de la wilaya, il est poursuivi par les 12 maires pour des propos calomnieux proférés à leur adresse lors d'une rencontre tenue le 16 avril 2009 au Palais de la culture, en présence de plusieurs centaines d'associations de quartier et les autorités locales. Présidée par le wali de Annaba, cette rencontre avait été consacrée au débat sur la problématique de la wilaya qui nourrit les récurrentes émeutes populaires. Donc pour diagnostiquer ce phénomène des émeutes assorties parfois de tentatives de suicide, devant l'édile, Hannachi n'a fait que reprendre sa même déclaration : « Mon intervention était à la demande du wali de Annaba. Devant lui, je n'ai fait que critiquer la gestion des maires actuels et de leurs prédécesseurs dont plusieurs ont été condamnés par la justice pour le même motif. Je n'ai à aucun moment émis des propos malséants à leur encontre. Je n'ai dit que la vérité. Le cas échéant, le wali lui-même m'aurait interrompu d'autant qu'il y avait tous les responsables des services de sécurité. » Avec cette démarche, les 12 maires, selon des indiscrétions, ont exaucé le vœu de leur très contesté sénateur FLN, Zitouni Mohamed Salah. D'ailleurs, le mérite lui revient amplement, puisque c'est lui qui les a retenus sur les listes électorales pour qu'ils soient élus et poursuivent leurs électeurs en justice, en cas de critique, au lieu de leur rendre compte sur leur mauvaise gestion. Ils se sont également illustrés par leur mauvaise prise en charge des préoccupations des citoyens dans tous les domaines. A voir l'état de délabrement de la wilaya, ses bidonvilles, ses coupures d'eau et d'électricité, son insécurité, bref ses mille et un maux, d'aucuns s'interrogent si ses élus sont autant outrecuidants pour qu'ils s'acharnent à ester un paisible citoyen en justice, un citoyen dont le seul tort est d'avoir critiqué la gestion catastrophique d'une wilaya qui mérite mieux.