Le championnat national de football reprendra ses droits, dès cet après-midi, à travers plusieurs stades du pays. La canicule qui sévit en cette période beaucoup plus propice à la trempette qu'à la pratique du sport ne semble pas être un grand handicap pour une reprise qui sera, comme de tradition, très attendue par les amateurs de la discipline. Du football au beau milieu de la saison estivale, au moment où toute autre activité nationale est en congé, c'est aussi une échappatoire qui arrive à point nommé pour combler les nombreux vides de la société. On parlera certainement moins de la suppression des crédits et du rêve d'acquérir un véhicule, de la flambée des prix, de la rixe de Chinatown, de la polémique autour de la Nuit du doute du mois de Ramadhan... Le football de cette saison, en termes d'intérêt, ne diffère pas des années précédentes, puisqu'il permet toujours à certains de brasser des milliards, à d'autres de s'en servir comme d'un tremplin et à d'autres encore de l'utiliser en tant que voie et moyen pour de sordides affaires. Le football sort de son cadre sportif pour s'afficher dans le hit-parade des cercles politiques sans que personne n'y trouve à redire. Il est vrai aussi que lorsque plus d'un tiers de l'humanité ne rate pas une séquence de Coupe du monde, il devient difficile de faire l'impasse sur une activité qui peut renflouer beaucoup de besoins personnels. Au milieu du grand débat sur la crise économique et au moment où les ménages algériens commencent à en ressentir les effets, même si quelque part on leur a promis que ce n'était pas pour demain, le football ne s'est pas privé de longues rallonges financières pour faire face aux caprices budgétaires. Ainsi, dans ce décor qui n'est pas nouveau pour le quotidien des Algériens, le football revient à la « une » du pays pour une autre saison, pour d'autres objectifs, pour d'autres promesses qui peuvent, au détour de la trajectoire d'un ballon, virer à la déception. La réalité du terrain a, de tout temps, mis à nu les plus beaux engagements. La qualification de la sélection nationale pour le prochain Mondial, décidée en haut lieu, demeure l'aspiration de tout un peuple, l'angoisse de tous les responsables. Beaucoup d'argent sera injecté pour concrétiser cette revendication nationale alors que l'échec se payera cash car le football est le roi des rues. Calmer les rues demeure, en effet, un souci primordial dans une conjoncture qui semble, quoi que l'on dise, difficile à gérer. Le football, cet opium des peuples, va bénéficier d'une manne non pas pour assurer le spectacle et le côté festif de la compétition mais, certainement, pour occuper… la rue.