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Ibn ûm Maktum, le handicap et Béni Ourtilane
Bousseksou Mouhoub-Non-voyant, juriste, ancien président de la Fashi
Publié dans El Watan le 03 - 12 - 2009

« La grandeur d'une civilisation se mesure en fonction de ce qu'elle offre aux personnes handicapées. » F. Roosvelt
Le hasard ne profite qu'aux esprits préparés. C'est quelquefois bien pénible de faire son devoir et cela ne l'est jamais autant que de ne l'avoir pas fait. L'homme de bien ne demande rien qu'à lui même ; l'homme de peu demande tout aux autres.
Mouhoub, c'est son prénom et il ne s'empêche pas de clamer haut et fort, mais avec malice, que cela signifie doué en arabe. Doué ? Bien plus. C'est un homme calme, réservé qui vous fait part de ses projets sans donner l'air de rêver.Il décrit son parcours malgré des débuts contrariants, sans heurts et sans casse. Sa blessure à lui s'est apparemment vite refermée. Aveugle à 6 ans, il a su se surpasser et dépasser son handicap « pour être comme les autres » et réussir là où beaucoup sont restés sur le carreau. Subtilement, il nous fait remarquer que ce jour du 3 décembre est consacré Journée mondiale par les Nations unies. Raison de plus pour accorder plus d'attention à ses propos qu'il ne veut nullement confiner dans un carcan, encore moins catégoriser. Licence et magistère en droit, Mouhoub a occupé de hautes fonctions dans le social, en se dépensant sans compter pour les bonnes œuvres. Président d'associations de handicapés, il est l'un des fondateurs de la Fédération algérienne de sports pour handicapés. Sans calculs, il aide tous ceux qui le sollicitent.
Le dernier clin d'œil, c'est pour sa ville natale, Béni Ourtilane où il s'évertue à lancer un grand centre pour handicapés. Toujours disponible, il nous conte sa vie, sans faire trop de cas de son handicap qu'il a attrapé à l'âge de 6 ans. « J'étais normalement scolarisé à Kouba. Suite à des irritations au niveau des yeux, j'ai été hospitalisé. J'en suis sorti aveugle. Au départ, ça a été un choc terrible. Par la suite et par pur hasard, mes parents avaient rencontré une Française qui m'avait orienté vers l'école des non-voyants de Scala (à El Biar). J'y ai fait mon cursus jusqu'au BEG, après j'ai réjoint un lycée normal inter-collèges d'Alger où j'ai décroché mon bac. J'ai, par la suite, fait la fac de droit où j'en suis sorti avec la licence et le magistère ».
Aveugle à 6 ans
Fort de ses bagages, il est recruté en tant que juriste à la SNIC, « grâce toutefois au directeur général qui avait exigé de ses structures de faciliter l'intégration professionnelle des non-voyants ». Son intégration n'a pas posé de problèmes. Il rejoint le secrétariat d'Etat aux affaires sociales où il anime un groupe de recherche multidisciplinaire sur les problèmes du handicap. Ses connaissances en la matière le propulsent à la tête de la FANPH, regroupement de toutes les associations nationales de personnes handicapées. Il y restera de 1985 à 1989. Ensuite, il enseignera à la faculté de droit avant d'être nommé responsable du contentieux au niveau de la CNAS. Parallèlement à son activité professionnelle, il crée la première association de sport pour non-voyants Echourouk : « J'ai toujours géré deux situations : le handicap en tant que tel et toutes les capacités palliatives qui transforment en fait le handicap en motivation dont je maintiens la flamme dans les différentes étapes de ma vie. »
Mouhoub évoque avec une fierté non dissimulée certaines personnes qui ont marqué sa vie. En premier, sa grand-mère paternelle Zahra qui ne l'a jamais considéré comme tel. « Au bled, elle me sommait, comme le commun des enfants de mon âge, d'aller ramener de l'eau à dos d'âne, c'était ma première éducatrice. » Mouhoub citera son ami, le regretté Omar Aïdoud, ancien secrétaire général de la Fashi « qui m'a accompagné et qui a mis toute son énergie, toute sa vision pour combler toutes les lacunes induites par mon infirmité ; on formait une paire redoutable. » Reconnaissant, il loue les mérites de son ami : « C'est grâce à lui qu'a eu lieu le 1er séminaire portant élaboration d'un programme national d'intégration des personnes handicapées du 14 au 16 mars 1981, d'où la proclamation du 14 mars comme Journée nationale des handicapés. »
Mouhoub n'oubliera pas de citer Nouredine Moussa, actuel ministre de l'Habitat qui « m'a permis une ouverture sur les victimes et la manière de les soutenir psychologiquement. Il m'a toujours abordé en tant qu'intellectuel et n'a jamais fait cas de mon handicap, sauf peut-être me donner la main, non pour me guider physiquement, mais pour m'orienter dans mes ambitions. Il m'a insufflé cette force si nécessaire, si déterminante. La quatrième personne à laquelle je suis redevable est le directeur général d'Amenhyd, dont je suis le conseiller actuellement. » Mouhoub parle doucement pour étayer ses dires, il n'hésite pas à évoquer Taha Hussein, le grand écrivain égyptien, aveugle mais dont l'œuvre restera majeure dans l'anthologie littéraire arabe. Notre interlocuteur citera Bachar Ibnou Bourd, le grand barde abasside non-voyant, mais dont la poésie éclairera bien des chemins. Pêle-mêle, il évoquera Ray Charles, Rabah Belamri et bien d'autres qui, bien que diminués, ont réussi à s'imposer avec panache dans leurs domaines respectifs.
Dépasser la compassion et la pitié
La situtation des handicapés, qui mieux que lui peut en parler : « La sensiblerie existe chez la majorité et la sensibilité chez certains. Il y a une volonté politique d'aider cette catégorie de personnes. Les idées sont là, mais là où le bât blesse, c'est lorsqu'il s'agit de financement. La question qui se pose aujourd'hui est comment réunir les fonds nécessaires pour une bonne prise en charge. La loi exige de l'entreprise le recrutement, à concurrence de 1% de son effectif, de personnes handicapées. A défaut, l'entreprise doit payer pour chaque poste l'équivalent de son salaire versé au fonds. Cette démarche adoptée par d'autres pays a donné ses fruits ; ici, on attend toujours l'application. Je pense que c'est la seule et unique solution. D'un autre côté, si la société avance, il ne faut pas qu'elle laisse le handicapé sur la touche, lui qui a en plus besoin d'applications adéquates dans les innovations technologiques. » Dans son bled près de Sétif, à Béni Ourtilane, Mouhoub, avec l'apport précieux de Chelghoum Djamel Eddine, est en train de réaliser un centre animé par l'association Ibtissama pour l'enfance qu'il préside.
Au service des autres
« Ce centre verra le jour prochainement, il est construit selon les normes mondialement établies. Il est réservé aux déficients mentaux qui souffrent d'une infirmité cérabrale due aux mariages consanguins très fréquents dans la région ». Mouhoub se dit enchanté par l'avancée de cette catégorie de la population. « Au plus fort de la période où le terrorisme sévissait était immense, quel était mon bonheur d'entendre résonner Kassaman sous le ciel d'Atlanta lors des JO de 1996 ! C'était le fait d'un sportif handicapé. J'en avais la chair de poule », avoue-t-il en ajoutant qu'il a ressenti les mêmes sensations récemment à travers l'équipe nationale de football. « Moi, je crois au génie algérien. Il se réveille quand il est touché dans sa dignité. C'est ce qui nous sauve toujours. Et puis, disons-le entre nous, l'Algérien aime les défis surtout lorsqu'on lui titille son ego… »
Mouhoub conforte son argumentaire en se référant au Coran et à la sourate A'bassa (l'air sévère) où la place de l'aveugle est mise en évidence : « Comment peux-tu savoir si l'aveugle n'allait pas se purifier ou pratiquer le rappel et que le rappel leur fût profitable ? Ou bien envers le suffisant tu t'empresses ». Un jour, alors que l'Envoyé de Dieu dialoguait avec un notable de Quraych, dans l'attente de sa conversion, voilà qu'Ibn ûm Maktum (un aveugle) arriva. Ibn ûm Maktûm qui était musulman depuis longtemps se mit à interroger l'Envoyé sur une chose avec insistance. L'Envoyé aima à ce moment qu'Ibn ûm Maktum se tût pour qu'il eût pu parler avec l'autre homme en vue de sa guidance. Il aima cela et il prit l'air sévère devant Ibn ûm Maktum se détourna de lui et s'intéressa à l'autre. Comment peux-tu savoir si l'aveugle n'allait pas se purifier ? Alors Dieu fit descendre : « Il a pris l'air sévère et s'est détourné ». Comme quoi, on ne droit pas donner l'alarme à quelqu'un de particulier, mais de la donner à tout le monde, au notable comme au faible, au riche comme au pauvre, au seigneur comme à l'esclave. Et c'est à lui de guider ensuite qui il veut. Le Prophète (QSSSL) s'est ressaisi et l'aveugle est devenu son compagnon lorsqu'il lui arrivait de quitter Medine pour les conquêtes. C'est Ibn ûm Maktum qui veillait sur la ville.
Parcours
Bousseksou Mouhoub est né le 1er juillet 1953 à Béni Ourtilane (Sétif). Il perd la vue à l'âge de 6 ans. Grâce à sa famille, notamment son père Hocine, artisan en batiment, il puisera dans son énergie pour suivre normalement ses études. Après le primaire et le secondaire, il décroche son bac puis accède à l'université où il en sort avec la licence et le magistère. Sa thèse est intitulée « Le droit de l'enfant handicapé à l'éducation. Etude des différentes législations relatives à la protection et la promotion des personnes handicapées. »Président de plusieurs associations de handicapés, Mouhoub exerce actuellement en qualité de conseiller dans une entreprise privée. Issu d'une fratrie de 4 frères et 2 sœurs, Mouhoub est marié et père de deux filles, Imène et Hania. Mouhoub a été président de la Fédération algérienne de sport pour handicapés et inadaptés. A ce titre, il a été élu en 1981 à Paris et réélu en 1985 à Oslo à la tête de la plus haute instance internationale de handicapés, l'Ipsa.


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