Un directeur rendu irascible par des visites continues de son établissement par des délinquants à la recherche de menus larcins, un fusil de chasse et des balles de chevrotine à la portée de la main, un groupe d'adolescents insouciant du danger de mort auquel ils pouvaient se retrouver confronter, une rue déserte et désertée par les élèves de l'école Benouhiba et le lycée technique, du même nom, situé quelques mètres plus bas, et c'est le drame. Deux coups de feu ont brisé, ce 4 février à 12h, la quiétude de la rue Benouhiba, une des plus calmes de la commune de Annaba. Touchés, les deux adolescents, âgés de 16 et 17 ans, s'écroulérent blessés. Pour l'auteur des deux coups de feu, ils seraient venus achever de voler la tuyauterie en cuivre qu'ils avaient décrochée quelques jours auparavant. Le même directeur aurait déposé plainte pour tentative de vol au commissariat du quartier. Dans cette même rue, un jeune maçon avait, il y a quelques années, tué à coups de hache et coupé en menus morceaux son employeur, un quinquagénaire. « Je ne peux m'avancer à dire qu'il s'agit réellement de délinquants. En tous les cas, quotidiennement des adolescents du lycée technique nous dérangent énormément avec leur partie de ballon sur la voie publique. Il leur arrive souvent d'envoyer leur balle dans une des cours du jardin de la villa ou de l'établissement scolaire. Dans cette affaire, j'estime qu'un coup de fusil en l'air aurait suffi même si comme on le dit, il s'agit de délinquants armés de couteaux et d'une hache », a indiqué un des gérants d'un commerce à proximité de l'école. Du côté de la direction de l'éducation où l'on dément tout impact quel qu'il soit de cette affaire sur les élèves ou sur les enseignants, on condamne d'une manière formelle le geste du chef de l'établissement. « Un fusil de chasse, c'est fait pour tuer des bêtes, pas des êtres humains. Un coup de semonce aurait suffi à faire détaler ces adolescents ou même des délinquants comme le prétend le directeur. Nous sommes saisis par la direction du lycée technique sur la présence de groupes de jeunes à l'intérieur de l'établissement. Nous avons remarqué que ces jeunes étaient uniquement intéressés par la surface de jeu », a déclaré M. Allam, directeur de l'éducation de la wilaya. Du côté de l'opinion publique, l'on affirme que cet acte est le reflet de notre société et qu'habituellement les affaires de violence à l'école mettent en scène des élèves avec leurs enseignants ou camarades. A l'école primaire Benouhiba de Annaba, c'est une situation inverse qui est arrivée. L'auteur est un des plus anciens routiers de l'éducation, un membre du GLD et de l'Assemblée populaire de wilaya. « Passe encore pour une punition corporelle, mais lorsqu'un adulte, responsable d'établissement, élu par le peuple, père de famille qui en plus, joue le rôle de Rambo, il y a de quoi se poser des questions », telle est l'impression générale qui se dégage des déclarations de l'opinion publique à Annaba secouée et révoltée par le comportement du chef d'établissement.