Notre confrère Amar Belkhodja, auteur d'une série d'ouvrages dédiés à des personnalités historiques et culturelles de sa ville Tiaret, pour laquelle il a consacré une partie de sa jeunesse en tant que journaliste à El Moudjahid, reste ce témoin privilégié d'une période sombre du mouvement national et même de celle post-indépendance qu'il immortalisa par des œuvres riches et documentées à travers récits, contes et hommages, et qui restent des références bibliographiques bien que regorgeant de tristes souvenirs mais aussi de nostalgie. S'agissant de cette période coloniale justement, Belkhodja, après avoir écrit sur ‘‘Ali El Hamami et la montée du nationalisme'', ‘‘Ali Maachi'', ‘‘Hamdani Adda'', ‘‘Pages de Novembre'', ‘‘Les martyrs de Zeralda'', ‘‘Crimes et famines dans le Sersou'' et d'autres travaux en chantier, récidive avec ‘‘Barbarie coloniale en Afrique'', un livre où il raconte les affres du colonialisme en Afrique, principalement au Nord, mais aussi les massacres à Madagascar, l'esclavagisme en Côte d'Ivoire, les expéditions sanglantes au Maroc, bref des conquêtes coloniales du siècle dernier. La présente œuvre de Belkhodja, comme l'écrit Djillali Sari dans sa préface, est « une étude se basant sur des investigations poursuivies minutieusement sur le terrain et rappelle le rôle joué par cette contrée charnière entre le Tell et le Sahara, Tiaret dont l'histoire se confond pratiquement avec celle de toute l'Algérie. » Sans conteste, ajoute Djillali Sari, « deux cas parmi tant d'autres retiendront dans le livre l'attention. Il s'agit du Congo et de l'Algérie. » Le premier a failli passer inaperçu, compte tenu des conditions d'acquisition de ce fabuleux pays cédé à titre personnel par la conférence de Berlin (1885) au roi des Belges Léopold II, « le grand roi ». Quant à l'Algérie, « le bilan n'a jamais été établi objectivement, notamment celui de la période marquée par des expéditions militaires, les épidémies et périodes de disettes et de famines de 1830 à 1871. » En écrivant ce livre, Amar Belkhodja s'est, bien sûr, appuyé sur les ouvrages du docteur Paul Vigné d'Octon dont les documents se trouvent dans les archives départementales de Montpellier (France). ‘‘Barbarie coloniale en Afrique'' est une lecture autre que celle destinée à banaliser les émeutes, dont celle du 8 Mai 1945, que certains auteurs voudraient circonscrites à des émeutes de la faim. Au fil des chapitres, Belkhodja nous raconte le drame dans toute sa cruauté, non sans relever la bravoure, l'attachement à la liberté et au sacrifice. Il en est ainsi du martyre vécu par Smaïn Abda, secrétaire AML de Guelma, du sort réservé à Abdallah Reggui au summum des émeutes.