Les représentants du forum de dialogue 5+5, qui regroupe dix pays maghrébins et européens de la Méditerranée occidentale - Algérie, Espagne, France, Italie, Libye, Maroc, Malte, Mauritanie, Tunisie et Portugal - poursuivent, à Alger, leurs travaux sur les flux migratoires. Jeudi, ils ont désigné les membres du « comité de suivi » créé en septembre 2004, lors de la 3e Conférence ministérielle sur les migrations en Méditerranée que l'Algérie préside jusqu'en octobre 2005. Son but : renforcer les actions concrètes en matière de coopération, mobiliser les capacités d'expertise des organisations internationales, telles l'Organisation internationale du travail (OIT) ou l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et identifier les possibilités de financement existantes, notamment auprès de l'Union européenne. Dans son allocution, Boualem Hacène, directeur général des affaires consulaires au ministère algérien des Affaires étrangères, qui présidait la réunion, a invité les pays participants au forum à œuvrer à la « promotion sociale, économique et cultuelle de la communauté maghrébine légalement établie en Europe ». Les « dix » ont également planché sur les moyens de lutter contre les causes profondes de l'immigration clandestine. « Toute tentative de traitement de la problématique migratoire sera vaine et inopérante sans l'analyse des causes profondes de la migration vers le Nord, à savoir la différence du niveau de développement », a estimé le représentant algérien. C'est pourquoi, a-t-il dit, « une réelle implication des pays de la rive nord dans l'effort de développement maghrébin, notamment les régions à fort potentiel migratoire, s'avère impérieuse dans toute démarche qui se voudrait efficace, solidaire et intégrée ». Autre facteur de réduction de l'immigration clandestine et de lutte contre les réseaux de passeurs, selon Boualem Hacène : l'amélioration de la liberté de circulation des personnes dans la sous-région, « loin des amalgames et de toutes perceptions unilatérales et réductrices de la question migratoire ». Depuis la première Conférence ministérielle sur les migrations, organisée à Tunis en octobre 2002, le forum de dialogue n'a débouché sur aucune action concrète. Mais les participants rappellent eux-mêmes le caractère informel de leurs réunions. L'OIM, qui participe aux débats en qualité d'observateur, estime pour sa part qu'« il est déjà remarquable que dix pays d'Europe et du Maghreb se réunissent régulièrement pour discuter des flux migratoires. L'important est que ces questions figurent en tête d'agenda des gouvernements de la planète et qu'elles ne soient pas prises en sandwich entre deux secteurs considérés plus prioritaires ». L'organisation, basée à Genève, se félicite également de l'approche régionale adoptée par les dix pays partenaires et qu'elle encourage. Même si l'idée d'associer les pays subsahariens aux débats sur les flux migratoires a déjà été évoquée. Jeudi, le ministre allemand de l'Intérieur, Otto Schily, n'a d'ailleurs pas hésité à s'inviter aux débats méditerranéens. Il a annoncé, sur la chaîne ARD, sa volonté de se « rendre prochainement dans les Etats du Maghreb pour éclaircir des malentendus survenus » sur la question des « centres de transit ». Le projet, défendu par l'Italie et la Grande-Bretagne, mais rejeté par l'Algérie, la France ou encore l'Espagne, doit permettre, selon ses défenseurs, de faire le tri entre immigration légale et illégale en dehors des frontières de l'Union européenne (UE). Fin janvier, la commission de Bruxelles a annoncé, à l'issue d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE, qu'elle présenterait avec le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), avant l'été, des projets-pilotes de protection des réfugiés dans les régions d'origine et de transit afin de réduire l'immigration irrégulière vers l'Europe.