Krim Belkacem, alors ministre des Affaires étrangères et chef de la délégation du GPRA ayant pris part à la 15e session de l'Organisation des Nations unies, ne pouvait en effet rêver meilleurs alliés, et ce, à l'heure où la cause algérienne faisait son entrée, fracassante, à l'Assemblée générale de l'ONU. Le 20 décembre 1960, les «clameurs de Belcourt» ont en effet été entendues par l'Assemblée générale des Nations unies, qui votera la fameuse résolution reconnaissant au «peuple algérien son droit à la libre détermination et à l'indépendance». Hier, la placette du 11 Décembre 1960, dans le vieux quartier de Belouizdad (ex-Belcourt), un vibrant hommage a été rendu aux milliers de jeunes Algériens héros anonymes de cette manifestation spontanée qui a fait basculer le cours de l'histoire. Une foule nombreuse est venue, ce samedi 11 décembre, marquer ce 50e anniversaire du soulèvement populaire qui avait embrasé plusieurs villes d'Algérie et redonné un second souffle au mouvement de résistance. La placette du 11 Décembre 1960 grouillait de monde. Une cérémonie de recueillement a été organisée par la commune de Belouizdad en présence de nombreux moudjahidine de différentes APC de la wilaya d'Alger. Des gerbes de fleurs ont été déposées en mémoire des 103 martyrs de la répression coloniale. «Ce jour-là, ce 11 décembre 1960, la peur a vraiment changé de camp», témoignait Djameldine Chala, membre de l'organisation du FLN-ALN à Belcourt. Selon lui, la terreur que faisaient régner les colons n'avait désormais plus cours. «C'étaient eux qui, désormais, baissaient les yeux quand on les croisait.» Entamées le 10 décembre, ces manifestations pacifiques autour des slogans «Algérie indépendante», «Algérie musulmane» étaient au départ spontanées avant d'être encadrées, le lendemain, par des responsables du FLN venus spécialement de la Wilaya IV. «C'était le sursaut d'orgueil des Algérois, excédés qu'ils étaient par les provocations des partisans de l'Algérie française qui manifestaient bruyamment dans le sillage de la visite en Algérie du général de Gaulle», explique le vieux militant de la cause nationale. «Le 10 décembre, raconte-t-il, je me trouvais au niveau de la place de Champs de manœuvre (place du 1er Mai aujourd'hui). Les pieds-noirs, partisans de l'Algérie française, manifestaient violemment. Ils donnaient la réplique aux gardes mobiles français. Ces derniers, à la vue des manifestants algériens qui fusaient de tous les quartiers de Belcourt, oublient leurs escarmouches et chargent, ensemble, les foules algériennes et tirent dans le tas. Je les vois comme aujourd'hui, tomber les uns après les autres. Des morts, il y en avait. Nous en avons comptabilisé 73 le 11 décembre. Après, c'est l'embrasement.»