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«S'il n'y avait pas eu les événements du 11 décembre 1960, nous ne serions pas indépendants aujourd'hui» Seddik Bahloul, vice-président de l'APC de Belouizdad :
Vice-président de l'APC de Belouizdad et ancien dirigeant du Chabab Riadhi de Belouizdad, Seddik Bahloul nous livre dans cet entretien le déroulement des événements du 11 décembre 1960. Il a, avec acharnement, insisté sur les prémices de ces manifestations, qui ont démarré à partir de ce quartier de la capitale. Notre première question se rapporte à vous. Qui est M. Bahloul ? Je suis un pur produit de Belcourt. Toute ma vie a été consacrée au sport, notamment au sein du CRB. Actuellement, je suis le premier élu de l'APC de Belouizdad pour la deuxième fois consécutive. Depuis 30 ans, j'ai toujours été responsable au sein de la direction du Chabab Riadhi Belouizdad. J'étais entre autres responsable de Kouissi Mustapha, de Djamel Tlemçani. J'ai toujours été responsable au sein de ce club qui a fait la joie de notre commune. Quant à mon engagement politique, dès l'âge de16 ans, j'étais membre des Scouts musulmans algériens, plus précisément de la section Emir Khaled, située à l'allée des Murets. On y côtoyait de vrais nationalistes qui nous ont inculqué le nationalisme, et c'est grâce à eux qu'on a grandi avec l'amour de la patrie. Je peux citer parmi eux Antar Boualem, Aouacheri Rabah, Yerbou, Abas Madani qui était morchid, et d'autres qui sont décédés ou toujours vivants. Comment les événements du 11 décembre ont-ils commencé ? Le 10 décembre 1960, il y a eu la grève des ultras de l'Algérie française. Ils étaient en grève et voulaient forcer les musulmans de Belcourt à suivre leur mouvement et à fermer. Chose qui était impensable pour nous. En ce jour donc, vers 16h-17h, il pleuvait et ces ultras voulaient absolument fermer le café maure de Belcourt. C'est à partir de ce moment-là qu'il y a eu l'étincelle. Je dis bien l'étincelle à Belcourt. Si on parle de l'histoire et qu'on essaye de savoir comment les événements se sont déclenchés, je pourrai seulement dire que c'était un message de Dieu, car rien n'a été prévu. C'était une bénédiction de Dieu pour donner un nouveau souffle à ce pays cher. Des personnes disent que le 11 décembre a été dessiné dans un autre endroit, mais c'est faux. L'étincelle du 11 décembre a été allumée le soir du 10 décembre 1960 à Belcourt. Ce jour-là, nous avons manifesté, nous avons confectionné des drapeaux sur ordre de nos supérieurs, à savoir Rouchaï Boualem et consorts. C'est le soir du 10 décembre, je le précise et j'insiste, que le FLN a pris en main pour récupérer le 11 décembre et non pas la veille. Le 11 décembre, on a été averti et on a voulu organiser cette manifestation qui a fait par la suite plusieurs morts. Moi personnellement, j'ai reçu sept balles, mais j'ai réussi à courir de Belcourt jusqu'au quartier du Ruisseau. Je n'oublierai jamais Ouchène Fatiha, Malika Ouatiki et Saliha Ferhat, toutes les trois décédées. Parmi les survivants, je pourrai citer Bouzidi Rabah. Mais beaucoup ne connaissent pas la date du 11 décembre 1960… Le 11 décembre mérite d'être une journée nationale chômée et payée. Cette journée est identique au 1er novembre, puisque c'était le tournant de l'indépendance. Outre Belcourt, les manifestations ont fait un saccage. Il y a eu des morts partout, tués par les colonisateurs. Après Belcourt, la furie s'est propagée à Clos-Salembier, Climat de France, la Casbah, El Harrach, puis c'était toute l'Algérie. Mais c'est à partir de Belcourt que tout a démarré. J'assume et j'insiste sur mes dires. Ils ne vont tout de même pas modifier l'histoire ! S'il n'y avait pas les événements du 11 décembre 1960, qui ont démarré de Belcourt, nous ne serions peut-être pas indépendants aujourd'hui. Existe-il un parallèle entre le 11 décembre et la Bataille d'Alger ? Je pense que le 11 décembre c'était un don de Dieu, car personne ne nous a demandé d'aller saccager, on était nombreux à sortir avec pour principale revendication l'indépendance de l'Algérie. On avait des slogans comme «Algérie musulmane», «Algérie indépendante», «vive l'Algérie». L'emblème national est également sorti le 10 décembre à Belcourt. Il est toujours en ma possession. Krim Belkacem qui était à l'Onu, en compagnie de M'hammed Yazid, avait dit : «Nous avons, dans l'enceinte de Manhattan, entendu le retentissement des clameurs de Belcourt.» Il a cité Belcourt et non un autre endroit. Pourquoi veut-on falsifier l'histoire. Le 11 décembre est né à Belcourt. Pour cette année, quelles sont les manifestations prévues pour commémorer cette date ? Notre APC compte organiser plusieurs manifestations. Comme chaque année, nous commençons par une réunion au niveau de la stèle de Belcourt pour rendre hommage aux martyrs du 11 décembre, puis des tournées dans les écoles pour faire connaître cette date aux écoliers. Pas forcément dans la commune de Belouizdad. Toute l'Algérie commémore cette date. Dans ce sens d'ailleurs, je me déplace à Khemis El Khechna pour animer une conférence autour de cet important événement dans l'histoire de l'Algérie.