Ne serait-ce pas la fête où on achète plein de confiseries ? Mais non, celle-ci c'est la fête du nouvel an ? Mais Awel Moharem, c'est le nouvel an ! Pas si simple de s'y retrouver. C'est que, en effet, l'Algérie, à maintes reprises colonisée par différentes civilisations, a conservé la pratique de leurs fêtes. On a le 1er janvier du calendrier grégorien et que tout le monde connaît car fêté à travers le monde entier. Puis on a le fameux « treize » de Yennayer dont l'origine directe est le nouvel an amazigh. Vient par ordre chronologique (pour cette année), Awel Moharem qui est, en fait, une fête musulmane et correspond au premier mois de l'année islamique. Elle correspond à l'exode du prophète Sidna Mohamed (QSSSL) de La Mecque vers Médine (hidjra). Awel Moharem est fêté par l'ensemble de la communauté musulmane dans le monde. Un constat cependant : il passe presque inaperçu en Algérie ou du moins dans la capitale. Le nouvel an chinois sous le signe du coq a été davantage remarqué. Plusieurs bâtisses en construction étaient ornées de symboles chinois ces derniers jours. Et que fait-on pour Awel Moharem ? Certains parlent de rechta ou de chekhchoukha accompagnées généralement de viande ovine. Mais encore ? C'est tout. Les pétards, c'est pour le Mouloud, le mouton pour l'Aïd El Adha, les gâteaux pour l'Aïd El Fitr. Awel Moharem est le parent pauvre des fêtes religieuses. Inexistant ou discret, Awel Moharem n'a pas le retentissement des autres fêtes. Et ce n'est pas faute de tomber un jour de repos ou d'être chômé. D'ailleurs, interrogés sur la nouvelle année de l'hégire, nombreux ne se souviendront même plus du chiffre de cette nouvelle année. 1426 (pour ceux qui ont oublié). Pourtant, à replacer Awel Moharem dans son contexte historique, ce n'est pas n'importe quelle date, ni n'importe quel mois de l'année lunaire. Awel Moharem correspond à la date à laquelle le Prophète est reçu à grand renfort de tambour par la population de Médine. Il est raconté que les enfants jouaient, les hommes se disputaient pour guider la chamelle du Prophète. Aussi, en plus du 1er qui marque le début de l'année, les jours suivants sont particulièrement remarquables. Le 9e jour est jeûné par les ascètes chiites et le 10e jour, c'est l'anniversaire de la bataille de Kerbala. Par la suite, ce jour est devenu pour les chiites un grand jour de deuil, le 16e jour, c'est la désignation d'El Qods (Jérusalem) comme qibla et, le 17e jour, l'arrivée des gens de l'éléphant. Le 10e jour de Moharem revêt une signification totalement différente dans le monde sunnite, car c'est une date à laquelle les sunnites n'associent pas la mort de Hussein. Au contraire, selon la sunna, il s'agit d'une journée « bénéfique marquée par la grâce de Dieu », dixit Boudjemaâ Haïchour au quotidien L'Expression dans son édition de jeudi 10 février. De quoi faire le pied de nez à tous les autres mois du calendrier lunaire. Un mois qui devrait être presque entièrement chômé...