Malgré la médiatisation des formules proposées pour l'occasion, les jeunes s'ingénient à organiser eux-mêmes cet événement, quand ils le célèbrent. Le réveillon de la Saint-Sylvestre a coïncidé cette année avec le 1er Moharem. Si le passage à la nouvelle année musulmane ne demande pas de grands préparatifs et se déroule dans l'intimité, le nouvel an grégorien, quant à lui, exige une organisation spéciale. Tout le monde s'active à trouver la façon la plus adéquate pour accueillir 2009. Les hôtels et les restaurants offrent des formules différentes les unes des autres. Malgré la médiatisation des formules proposées pour l'occasion, les jeunes s'ingénient à organiser, eux-mêmes, cet événement quand ils le célèbrent. Amine, 22 ans, festoie le 31 au soir, c'est sacré pour lui. Pour ce jeune publicitaire, le réveillon se déroulera entre amis et dans un appartement aménagé spécialement pour l'occasion. “Le passage à 2009, je le célébrerai chez des amis en toute intimité et c'est plus convivial. Les soirées proposées par les différents établissements ne sont pas données à tout le monde. Il faut compter au minimum 6 000 DA le dîner, qui n'est pas vraiment arrosé ; plus tu consommes et plus la note est salée. Mais quand c'est nous qui organisons la fête, elle nous revient moins cher”, dira tout de go Amine. Ce dernier déclare, en outre, que pour l'ambiance et le choix des morceaux de musique joués par les DJ, ce n'est pas toujours “du goût de tous”. “Par contre, quand c'est nous-mêmes qui organisons quelque chose, nous sommes sûrs que l'événement se passera comme nous le souhaitons”, a-t-il ajouté. Même plan pour Malik. Celui-ci fêtera donc la nouvelle année avec ses amis. “Ce sera une soirée entre potes”. Ce jeune informaticien de 26 ans a opté pour cette formule, parce qu'elle est moins coûteuse. “Même si j'aime l'ambiance des night-clubs, je n'en ai pas les moyens”, a-t-il affirmé. Outre les prix élevés, le cadre dans lequel l'événement sera célébré est qualifié de “pourri”. Quant à Nesrine, une commerciale de 24 ans, ses projets pour le 31 décembre seront un dîner avec orchestre, puis sortie en boîte de nuit pour danser. “Pour moi, la meilleure façon de célébrer la nouvelle année est d'être avec mon amoureux et mes amis”, a-t-elle avoué, avec un sourire. Par ailleurs, pour Hadjer, une jeune de 22 ans, diplômée en interprétariat, elle n'a aucun projet et ce, faute de moyens. “Le soir du réveillon, je serai chez moi, parce que primo, je n'ai pas les moyens pour sortir et puis, je vis toujours chez mes parents. Pour ces derniers, il est inconcevable que leur fille sorte le soir ou parte en discothèque”, précise-t-elle. Comme pour exprimer son dégoût, la jeune demoiselle renchérit : “Nous, nous ne devons pas oublier le côté hypocrite des Algériens sous prétexte que c'est une fête chrétienne et qu'il ne faut pas la célébrer. Mes parents sont à l'image de ces personnes qui se cachent derrière les principes théologiques et osent même critiquer ceux qui vont festoyer.” De l'avis de Lotfi, un jeune chômeur de 25 ans, il est impensable de réveillonner, pour lui, un 31 décembre. C'est une journée comme toutes les autres. “Astaghfiroullah” est le premier mot sorti de sa bouche. Pour lui, la Saint-Sylvestre n'est pas une fête pour les musulmans. La seule nouvelle année qu'il célèbre est le Moharem. Même chose pour Rahim, qui est âgé de 24 ans et qui est vendeur des produits pharmaceutiques : il n'a pas l'habitude de célébrer le nouvel an. “Le 1er Moharem est notre fête, alors pourquoi célébrer un événement qui n'est pas le nôtre ? La Noël et le nouvel an sont des fêtes chrétiennes”, atteste-t-il de façon catégorique. Pour ce qui est de Kacem, un jeune lycéen de 17 ans, il est toujours indécis entre sortir en famille ou aller défiler et déambuler avec ses amis dans les rues de la capitale. Il y a enfin ceux qui ne sortent pas, pour une raison ou pour une autre, mais qui vont adopter le système D, comme le nomme Imène, cette adolescente qui pense que la fête consiste à se retrouver avec des proches pour une soirée improvisée. D. S.