Ce jeudi, le peuple algérien, à l'instar des peuples du monde musulman, célèbre le Nouvel An hégirien. Quelle sensation aurons-nous de ce jour lorsque les familles se mettent à son rite ? Sans nul doute, l'ancrage dans la civilisation musulmane prouve, si besoin est, que notre peuple, qui a connu diverses civilisations et religions, est porté à respecter les Gens du Livre. Il y a quelques jours, nous avons célébré le Yennayer, celui de nos ancêtres les Imazighen. Ce jour qui correspond au 13 janvier du calendrier grégorien devenu universel. L'histoire nous apprend que durant la présence romaine, il y avait le calendrier julien, mais qui n'a pas eu longue vie car ne répondant pas aux saisons. Pour rappel, le calendrier romain fut institué en 45 avant J.C. par l'Empereur Jules César, alors que le calendrier grégorien, celui-ci instauré par Grégoire XII en 1582 commence le 1er janvier de l'année civile. Au plus lointain de nos racines millénaires, le Yennayer se situe en l'an 950 avant J.C, à la mort du Pharaon Psoussenes II et pour l'Histoire, c'est un Amazigh au nom de Sheshnaq qui devient Pharaon d'Egypte en fondant la capitale égyptienne sous le nom de Bubastis. Terre amazighe, terre d'Islam On voit bien que les Amazighs qui constituaient le gros des troupes fatimites avaient fondé le Caire et construit la mosquée El Azhar Echarif et que leurs ancêtres ont gouverné tout le delta du Nil depuis l'an 950 avant J. C. Si Yennayer est le «Tabburt usegwass» ou porte de l'année, le 1er janvier, celui adopté par le calendrier grégorien et le Nouvel An de l'Hégire, constitue le début de l'ère musulmane. Nous continuons à fêter trois «Nouvel An» sur cette terre de l'Homme Libre. Comme nous le faisons pour le rituel des fêtes de Yennayer, le Nouvel An hégirien est accompagné de couscous ou chekhchoukha, qui, par la saveur d'une sauce relevée à la viande de volaille, ovine ou bovine, donne à l'événement dans son acception de «Moussem» toute la bénédiction de Dieu de cette année de l'exode du Prophète Sidna Mohamed (Qssl). Beaucoup d'entre nous savent exactement quand intervient l'année hégirienne, sans trop se demander l'historique d'une telle date dans la vie religieuse des musulmans. En cette fête du Nouvel An de l'année 1426, nous nous essaierons à éclairer nos lecteurs sur quelques repères qui permettent de comprendre les mécanismes de calcul devant déterminer l'ère musulmane et sa concordance avec le calendrier grégorien. El-Moharem est le 1er mois de l'année islamique. L'ère musulmane part de l'exode du prophète Sidna Mohammed (Qssl), de la Mecque vers Médine. Cet exode est appelé «Hidjra» en arabe et marque le début de l'ère nommée Hégire. Elle commença entre le 22 et le 24 Septembre de l'an 622 après J.C (Rabii El Awal), date qui fut avancée par le Calif Omar au vendredi 16 Juillet 622 après J.C. pour la faire coïncider avec le 1er jour de l'année lunaire où se produisit l'exode. Il y eut avant l'hégire, l'année de l'Eléphant, l'année de naissance du Prophète Sidna Mohamed (Qssl) en 571 après J.C. (le 2 du 4e mois) et il y eut l'année de la reconstruction de la Kaâba, le Prophète Sidna Mohamed avait l'âge de 35 ans, soit cinq ans avant qu'il ne fut l'«Envoyé de Dieu». L'année du Début de la prophétie où le Prophète Sidna Mohamed (Qssl) avait alors 40 ans en années lunaires. C'était le 1er Janvier 610 après J.C., l'année de l'exode de 16 Juillet de l'an 622 J.C. où le Prophète Mohamed était âgé de 53 ans en années lunaires. Avec l'année du décès du Prophète Mohamed, on commença à compter selon l'Hégire. C'était l'an 2 (le 7 du 6e mois) de l'an 632 après J.C.. Le Prophète Sidna Mohamed (Qssl) était alors âgé de 61 ans et 48 jours selon le calendrier solaire, ou 63 ans et 3 jours selon le calendrier lunaire. Il faut dire qu'à l'époque pré-islamique, les premiers mois de l'année de la Mecque primitive s'appelaient «Safar 1er» et «Safar 2e» le premier des deux mois de «Safar» faisait partie des quatre mois sacrés de l'année qui reçurent le qualificatif d'El Mouharem. Il devient peu à peu le véritable nom du mois, comme «Dhou El Kaâda» et «Dhou El Hidjra» faisaient partie des mois sacrés. Trois des quatre mois sacrés se suivent, sauf quand elle avait un mois intercalaire. En effet, le mois ajouté pour composer la différence avec l'année solaire était intercalé après ««Dhou El Hidjra» et n'était pas sacré. Il en résulte que les savants musulmans caractérisent l'intercalaire comme un changement de dénomination en «Safar» du «Mouharem» en question, c'est-à-dire comme déclaration du caractère sacré du mois de Mouharem. Cela veut dire que le mois qui suit celui du pèlerinage est le Mouharem, par conséquent Safar est El Mouharem. Naturellement on ne tient pas compte aussi des faits que le véritable «Safar» ne vient alors qu'en 3e lieu. Mais comme dans l'Islam le mois intercalaire avait été supprimé, on avait perdu le semestre de l'année, comme le prouvent les noms des six mois. Or, dans l'ancien temps, le début de l'année tombait donc comme celui de l'année juive, en automne. Lorsque le Coran eut interdit l'insertion des mois intercalaires, le 1er Mouharem, début de l'année, se déplaça dans toutes les saisons, étant donné que l'année se composait toujours désormais de 12 mois lunaires, n'avait et continue à n'avoir que 354 ou 355 jours. Le Hadj (le Pèlerinage à la Mecque) tombait à l'origine dans le 1er mois de l'année, que par conséquent Al Mouharem en sa qualité de «Dhou El-Hidja» était Haram. Le mois d'El Mouharam a 30 jours. En plus du 1er qui marque le début de l'année, les jours suivants sont particulièrement remarquables. Le 9e jour est jeûne des ascètes chiites et le 10e jour anniversaire de la bataille de Kerbala où El-Houssein, fils d'Ali, gendre du Prophète, Sidna Mohamed (Qssl), tomba en combattant les troupes du Calif Yazid Ben Mouawiya. Par la suite, ce jour est devenu pour les chiites un grand jour de deuil, le 16e jour comme désignation d'El Qods (Jérusalem) comme Qibla et le 17e jour l'arrivée des Gens de l'Eléphant. Le 10e jour du Moharem revêt une signification totalement différente dans le monde sunnite, car c'est une date à laquelle les sunnites n'associent pas la mort de Hussein. Au contraire, selon la Sunna, il s'agit d'une journée bénéfique marquée par la Grâce de Dieu. Cette année le 1er Mouharem 1426 tombe le 10 Février, qui est le Nouvel An musulman (Ras-el-Am), il est traditionnellement imprégné d'une piété accrue. Et pour nous permettre de voir la concordance avec le calendrier grégorien, nous allons présenter à nos lecteurs quelques formules reprises d'un ouvrage ancien sur l'Islam et l'évolution de la Culture Arabe écrit par Soualah Mohamed en 1953 et paru dans l'Edition de l'imprimerie Typo Lito Alger. Le calendrier musulman moderne a abandonné la coutume des mois intercalaires. Il utilise une année purement lunaire formée de 12 mois de 29 jours ou 30 jours. Référents de calcul Pour que le début du mois coïncide toujours avec la nouvelle lune, on ajoute pour chaque période de 30 ans un jour aux années 3, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26 et 29 (années abondantes). Il faut dire que 34 années musulmanes correspondent à 33 années grégoriennes seulement. Le début de l'année passe donc très rapidement par chacune des saisons parcourant ainsi une année solaire en 34 années musulmanes. Ainsi, l'année hégirienne 1426 correspond à l'année chrétienne 2005 qui correspond à l'année juive 5766, le cycle lunaire est une innovation de l'Islam. Les 11 jours manquants par rapport au cycle solaire sont rattrapés suivant une succession de 19 années avec 354 jours. Puis de 11 années de 355 jours (ce sont, comme nous les avons signalées, 3, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26 et 29). Les dates des fêtes sont observées par rapport à ces décalages au calendrier grégorien. Elles se déplacent régulièrement, ignorant les saisons. Ce qui rend le Ramadan plus au moins supportable selon qu'il tombe en hiver ou en été, et elles ne retrouvent leurs dates de départ que tous les 32 ou 33 ans. Les variations d'un à deux jours, parfois trois, peuvent intervenir selon les circonstances météorologiques et suivant certains pays. C'est dû au fait surtout que l'observation même de l'apparition du 1er croissant lunaire ne correspond pas toujours avec le jour lunaire astronomique. Il y a un décalage constant entre le début de la journée musulmane fixée au coucher du soleil et le 1er jour grégorien qui débute à minuit. Généralement l'anniversaire du Prophète Sidna Mohamed (Qssl) se fête le 7e jour de l'Hégire, le 12 Rabï El-Awal et 166 jours plus tard commence le Ramadan. Quatre-vingt-dix-huit jours après, c'est la fête de l'Aïd El Adha ou fête du Sacrifice, appelée Aïd El Kebir, le 10 Dhou El Hidja. Ainsi pour trouver approximativement une année hégirienne (H) par rapport à une année grégorienne (G) donnée, et réciproquement, il suffit de suivre et d'appliquer la règle contenue dans les deux équations suivantes : H= G - 622 + G - 662/32 G= H + 622 - H/33 Ceci étant, il existe des tables de concordance des deux ères qui permettent d'avoir immédiatement et sans calcul l'année hégirienne et sa concordance à l'année grégorienne. H - (3H/100) + 622 - G Ou bien (G - 622)/97. 100 - H Et inversement G= H.97/ 100=622 Quant au calendrier hébraïque primitif, il est repris du calendrier chaldéen. Au IVe siècle après J.C., les Juifs adoptèrent le cycle de Méton pour régler définitivement leur calendrier qui utilise des années de 12 mois et des années de 13. Ces derniers étant placés aux rangs 3, 8, 11, et 19 du cycle de 19 ans. Telle est la démarche dans la concordance des calendriers hégirien et grégorien que nous nous sommes proposés de porter à la connaissance des lecteurs à l'occasion de la Fête du Mouharem 1426, avec les voeux de bonne année pleine de prospérité, de solidarité, de concorde et de grande Réconciliation dans l'esprit de nos valeurs spirituelles d'un Islam de tolérance et de Rahma.