L'audition, depuis avant-hier, des 56 harraga par le magistrat instructeur près le tribunal de Annaba a donné lieu à la mise sous mandat de dépôt de S. Ali, 24 ans, tandis que les autres ont été provisoirement libérés. Munis de leur acte de naissance n°12, ils reviendront la semaine prochaine pour les besoins de l'instruction judiciaire. S. Ali a été écroué après une vérification générale d'identité qui a permis de consulter son casier judiciaire où il y est inscrit un mandat d'arrêt relatif à une affaire de vol. Quant aux 2 mineurs qui se trouvaient parmi ce groupe de candidats à l'émigration clandestine, D. Hichem, 15 ans, et A. Samir, 17 ans, ils ont été placés sous l'autorité du juge des mineurs près du même tribunal. Ainsi, tout au long des deux dernières journées, le tribunal de Annaba était assiégé par les nombreuses familles des harraga, venues d'Alger, de Guelma, de Constantine, d'Oum El Bouaghi et des différentes communes de Annaba, pour connaître la décision du tribunal à l'encontre de leurs enfants. D'autant qu'il y a eu mort d'homme –Ikram Hamza, 32 ans– dans ce grave incident sans précédent entre harraga et gardes-côtes. Egalement sans précédent, la présence en masse des agents des services de sécurité – police et gendarmerie – tout autour du siège du tribunal pour parer à toutes les éventualités pouvant être générées par les familles des harraga. Tout en exigeant une ouverture d'enquête, dont l'objet est tentative d'homicide volontaire, ces dernières ont décidé d'engager une action judiciaire à l'encontre de la marine nationale. La même intention a été affichée par la famille du défunt Ikram qui, elle, compte déposer sa plainte officiellement demain. C'est du moins ce qu'a confirmé Hichem Hamza, le frère aîné d'Ikram, lorsqu'il nous a affirmé : « Après une entrevue avec le procureur de la République hier matin, il m'a instruit sur les démarches préalables à effectuer avant d'entamer la procédure judiciaire à l'encontre de la marine nationale. C'est ce que nous comptons faire demain ». Du côté du service des urgences de l'hôpital Ibn Rochd, 16 blessés sur les 18 admis pour des soins intensifs ont quitté l'hôpital, dont 4 sans l'avis préalable du médecin. Atteints de fractures aux membres inférieurs et supérieurs, les deux autres ont été transférés au service traumatologie. Selon des sources médicales, leurs jours ne sont pas en danger. Force est de constater que cet incident a alimenté la rumeur sur la place publique locale. La plus folle serait la récupération de 3 autres corps de harraga qui auraient été repêchés par les gardes-côtes et transférés à la morgue de la même structure hospitalière. Négatif, après vérification de l'information auprès des sources médicales et maritimes. Bien que sa disparition ait été confirmée par sa sœur Amina et son ami Heddir Abdelmadjid, Islam Zéhioua est toujours porté disparu. Ce jeune harrag de 22 ans a été, selon son ami Abdelmadjid, mortellement atteint à la tête et à la poitrine. Originaire de Aïn Benian et étudiant en 3e année de droit à la faculté de Ben Aknoun, il aurait succombé à ses blessures après que la collision des deux engins nautiques.