Environ 200 personnes, dont 28 mineurs, interpellées lors des violents événements ayant ébranlé Oran durant trois jours, ont été présentées jeudi dernier et hier devant le magistrat instructeur près le tribunal correctionnel de Seddikia. Soixante-six adultes et 16 mineurs, poursuivis pour attroupement illégal, trouble à l'ordre public et dégradation de biens publics et d'autrui, ont été mis sous mandat de dépôt alors que les autres ont bénéficié de la citation directe. Durant toute la journée de jeudi (la présentation s'était poursuivie jusqu'aux premières lueurs du jour, hier), quelque 200 familles de détenus espéraient la libération des leurs aux alentours d'un tribunal mis sous bonne garde policière (cinq camions de CRS étaient stationnés sur le parking et près de la résidence El Bahia, située à une centaine de mètres du tribunal). Alors que la présentation d'autres présumés responsables des troubles de la semaine dernière se poursuivra aujourd'hui devant le même tribunal avec l'audition d'une centaine de personnes, les services de police continuent d'interpeller des jeunes filmés par les nouvelles caméras de surveillance en train de s'adonner au pillage et à la dégradation. Par ailleurs, selon des sources concordantes, une dizaine de personnes devront comparaître la semaine prochaine devant le tribunal criminel pour répondre de l'accusation d'incendie volontaire. Cela intervient alors que le calme a regagné Oran dès jeudi matin, aucun incident n'ayant été signalé depuis. Dans la nuit de mercredi à jeudi, toutefois, des troubles ont été enregistrés un peu partout, notamment à Sidi El Bachir (une dizaine de kilomètres à l'est d'Oran) où des jeunes ont vainement tenté d'investir le siège de la police communale ; à Hassi Bounif (20 km à l'est d'Oran) où des manifestations de violence ont éclaté ; et dans la très démunie commune de Chteibo où le centre culturel et l'agence postale ont été dégradés. Si, pour le moment, aucun bilan n'a été établi sur les préjudices subis par la wilaya d'Oran, on sait déjà qu'une vingtaine de mobiphones (cabines téléphoniques) ont été saccagés, 20 abribus détruits et quelque 150 véhicules entièrement ou partiellement brûlés. Cela en plus des dégradations enregistrées lundi, mardi et mercredi dernier (des banques, des CNEP, des secteurs urbains et divers établissements d'utilité publique saccagés, et plusieurs magasins pillés).