La décision prise par le ministère public fait état de la mise sous mandat de dépôt à l'encontre d'un des inculpés, âgé de 24 ans, qui faisait l'objet de recherches pour des délits divers et d'une citation directe, dont la date n'a pas encore été fixée pour les 53 autres harragas. Contre toute attente, l'audition des harragas, menée non-stop depuis samedi par le juge d'instruction près le tribunal de Annaba, qui étaient à bord des trois embarcations arraisonnées durant la journée de vendredi, a été clôturée tard dans la soirée de dimanche. Les personnes blessées au cours de l'opération d'interception, et qui sont au nombre de 18, ont été immédiatement relâchées au fur et à mesure de l'amélioration de leur état de santé, sans être obligées de comparaître devant le magistrat. Nous apprenons de sources hospitalières que seules trois d'entre les victimes de la collision entre leur barque et le semi-rigide des garde-côtes, en cette nuit fatidique, ont été gardées en traitement, l'une pour avoir été amputée de la jambe et les deux autres pour avoir subi des opérations chirurgicales au niveau des membres inférieurs en raison de polytraumatismes, affirme-t-on. En tout état de cause, le dossier semble avoir été temporairement clos par le tribunal de Annaba. Le parquet n'aura statué en fin de compte que sur le cas des 56 sur les 74 passagers des embarcations qui tentaient de quitter clandestinement le pays. Les deux mineurs, âgés de 15 et 17 ans, qui faisaient partie de l'équipe de harragas et qui avaient été entendus par le magistrat instructeur en présence de leurs parents ont vu leur cas confié au juge des mineurs. La décision prise, tard dans la soirée de dimanche, par le ministère public fait état de la mise sous mandat de dépôt d'un des inculpés âgé de 24 ans, qui faisait l'objet de recherches pour des délits divers et d'une citation directe dont la date n'a pas encore été fixée pour les 53 autres compagnons de celui-ci. Contrairement aux deux jours précédents, on ne constatait hier aucune tension devant le siège du tribunal d'instance situé en plein centre-ville, où les auditions ont eu lieu, et qui avait été systématiquement assiégé tout au long de la procédure par les parents des harragas en colère. Ce rassemblement aussi important qu'inhabituel avait nécessité la mobilisation d'un cordon de sécurité conséquent par crainte d'une réaction violente de la part des proches des candidats à l'émigration clandestine qui défilaient devant le juge. Ces femmes en pleurs, qui exigeaient la libération immédiate de leurs enfants, et ces hommes qui criaient pour en appeler à l'“'intervention du premier magistrat du pays afin de sauver cette jeunesse en péril” ont, en effet, fait craindre le pire aux policiers présents en force sur les lieux. Il reste que les familles touchées par ce drame, notamment celle du harraga décédé Ikram Hamza, ont exprimé leur détermination à faire valoir leur droit à la vérité sur les circonstances exactes dans lesquelles l'arraisonnement de la barque des harragas a eu lieu. L'association des parents de harragas disparus que préside Kamel Benabed compte, pour sa part, se rapprocher éventuellement de qui de droit pour que la lumière soit faite à ce sujet, si les concernés le lui demandent. Kamel Benabed, qui lutte inlassablement depuis quatre ans contre le phénomène de l'immigration clandestine et pour la prise en charge effective par l'Etat des jeunes dans le désarroi, estime qu'une enquête devra nécessairement être ouverte pour corroborer les déclarations des uns et des autres. Il rappellera qu'une embarcation à bord de laquelle se trouvaient une trentaine de harragas avait coulé suite à une collision avec une unité des garde-côtes, en août 2008, et que les passagers de ladite barque avaient failli se noyer. Il rappellera également qu'une jeune femme d'Alger, dont le frère cadet faisait partie de l'équipage, et qui n'avait pas été retrouvé, a passé près de trois mois à Annaba dans l'espoir vain qu'on repêche sa dépouille. A. Allia