Tel est en substance le message qu'a fait passer Dr Ridha Nouiouat, directeur de la Mission Prisons à SIDACTION de France, au personnel de la santé pénitentiaire (médecins, psychologues, dentistes et paramédicaux), à Annaba lors d'un atelier de formation. Organisé en partenariat avec le ministère de la Justice, et le soutien de l'ambassade de France, l'atelier s'est tenu du 14 au 18 décembre au siège de l'association AnisS. Cette dernière s'est attelée, parallèlement, à une campagne de sensibilisation. La population ciblée dépasse les 3 500 détenus aux établissements de l'Allalik et de Bouzaâroura (El Bouni), les plus importants en terme de capacité d'accueil. De par son statut d'expert international du monde carcéral, Dr Nouiouat a insisté sur le dépistage car, selon lui, «la prise en charge précoce de l'infection est le garant d'un pronostic optimiste à moyen et long terme, notamment grâce aux nouvelles molécules qui sont chaque année mises à disposition des soignants». Devant un effectif de 14 médecins, il n'a pas lésiné à mettre à profit son expérience en matière de santé dans le milieu carcéral français. Pour lui, l'itinéraire qu'a emprunté l'Etat français dans la réforme judiciaire, notamment dans la question de l'accès aux soins des détenus est pratiquement le même que celui de l'Algérie. «La logique de la prise en charge du VIH/sida en prison, introduite par la loi française du 18 janvier 1994, est que les détenus atteints du VIH/sida ont les mêmes droits à se soigner que les personnes atteintes à l'extérieur. Ils ont les mêmes droits que la population générale à se protéger du sida, à avoir accès à un test confidentiel et à être correctement informés et soignés quand ils sont malades. Ils ont également le droit, en parallèle à leur prise en charge par le service public hospitalier, d'être accompagnés par les associations de lutte contre le sida», a-t-il expliqué. En effet, en milieu carcéral, les détenus sont exposés aux risques de transmission du VIH et des hépatites. La prévalence est sensiblement la même qu'à l'extérieur, sinon plus. Ces risques sont amplifiés en raison de l'absence de matériel adapté ou stérile et des conditions liées à la toxicomanie, aux pratiques sexuelles entre hommes, tatouages-piercing, matériel de rasage, coiffeurs, etc., aux interdits, aux tabous et à la stigmatisation touchant leurs auteurs. Aux côtés de François Bès, responsable de «Santé» au niveau de l'Observatoire international des prisons (OIP), à Paris, présent lors de ce séminaire de formation, Dr Nouiouat a plaidé pour le décloisonnement de la prison, qui permettrait une offre de soins à la population carcérale équivalente à celle proposée à la population générale. Néanmoins, il a reconnu que «les politiques publiques en matière de réduction des risques, notamment ceux liés à la sexualité ou à l'usage de drogues, ne sont pas mises en application dans leur totalité en milieu carcéral. Ainsi, la mise à la disposition des détenus, par les professionnels de santé, de matériel stérile n'est pas possible en prison, en France ou en Algérie, contrairement à de nombreux autres pays dans le monde tels que l'Espagne, la Suisse, l'Iran, la Moldavie, etc.».