Le mouvement Fatah, dirigé par le président palestinien Mahmoud Abbas, a élu hier de nouvelles figures, dont l'un des symboles de la résistance à l'occupant israélien Marwan Barghouthi, au sein de la direction du parti. Lors du congrès du mouvement tenu pour la première fois depuis 20 ans dans la ville de Beitlehem, en Cisjordanie, les membres du Fatah avaient d'abord réélu samedi, le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à la tête de ce mouvement, fondé par le défunt leader historique Yasser Arafat à la fin des années 1950. Plus tard, les représentants au Comité central du Fatah, ont été élus hier lors du Congrès de Beitlehem, auquel participaient près de 2000 délégués. Quinze des 18 postes au Comité central du Fatah sont revenus à de nouveaux élus à l'issue d'un vote organisé lors des travaux du congrès. Parmi les nouveaux élus à la direction du Fatah, figure l'un des symboles de la résistance Marwane Barghouthi, 50 ans, condamné à perpétuité par un tribunal israélien pour son rôle dans l'Intifadha contre l'occupation. Seuls trois des candidats sortants ont réussi à se faire réélire par les 2.000 délégués. Selon un responsable au sein du mouvement, les résultats pour le Conseil révolutionnaire, une autre instance dirigeante du Fatah, devraient être rendus public plus tard. Quelque 96 candidats briguaient un siège au Comité central qui compte 21 membres et 617 ont concouru au Conseil révolutionnaire de 120 membres. Dix-huit membres de la première instance et 80 de la seconde devaient être élus, tandis que les autres sont désignés par la nouvelle direction. Parmi ces candidats figurent notamment Mohammad Dahlane, 48 ans, l'ex-homme fort du Fatah à Ghaza, et Jibril Rajoub, un ancien chef de la Sécurité préventive en Cisjordanie, président actuel de la Fédération de football et du Comité olympique palestinien. « Le Fatah sort aujourd'hui de ce congrès uni et renforcé », s'est félicité M. Rajoub, qualifiant l'entrée en force d'une nouvelle génération de « révolution » contre la vieille garde, alors que des élections législatives sont censées se dérouler au début de l'année prochaine. « Beaucoup de tâches nous attendent, la principale étant notre relation avec le Hamas », a ajouté M. Dahlane. Le Fatah, qui exerçait un contrôle sans partage sur l'Autorité palestinienne, avait été largement battu aux élections législatives de 2006 par le Hamas, qui, a ensuite pris le pouvoir par la force dans la bande de Ghaza, après que ses forces eurent mis en déroute les forces relevant de la présidence. Le mouvement Hamas a affirmé par la voix de son porte-parole Fawzi Barhoum à Ghaza qu'il jugerait la nouvelle direction du Fatah « selon sa politique et ses actes ».Lors du vote qu'a organisé le Fatah, le chef des négociateurs palestiniens, Saëb Arekat, a également été élu au Comité central du mouvement. Par contre, Ahmad Qoreï, 72 ans, un ancien du mouvement, ancien chef du gouvernement, qui avait mené les négociations ayant abouti aux accords sur l'autonomie palestinienne conclus avec Israël en 1993, n'a pas été réélu. Tayeb Abdelrahim, le secrétaire général de l'Autorité palestinienne figure aussi parmi les autres figures non réélues. Dimanche et lundi, les délégués ont élu, outre le Comité central qui gère le Fatah au quotidien, une autre instance dirigeante, le Conseil révolutionnaire, dont les nouveaux membres devraient être connus dans la journée. Hier devant les membres du Fatah, Mahmoud Abbas, qui avait appelé le mouvement à un « nouveau départ », avait rejeté toute notion qualifiant de terrorisme la résistance légitime des Palestiniens contre l'occupant israélien. « Nous ne sommes pas des terroristes, et nous rejetons toute description de notre lutte légitime comme du terrorisme », a-t-il déclaré. Dans son programme politique adopté samedi, le Fatah a rappelé « son attachement à l'option d'une paix juste » avec Israël, tout en réitérant « le droit du peuple palestinien à la résistance contre l'occupation, conformément à la loi internationale ».