Le Fatah s'est doté d'une direction rajeunie avec comme figure de proue Marwan Barghouthi, symbole des Palestiniens de l'intérieur, emprisonné à vie en Israël. Le parti historique de la résistance palestinienne ne pouvait pas rater son congrès. Il lui fallait à tout prix un nouvel élan après sa déroute face au Hamas islamiste qui tient Gaza. Outre Barghouthi, un quinquagénaire qui a fait éclater l'Intifada contre l'occupant israélien, 13 nouveaux membres ont fait leur entrée au Comité central du Fatah sur 18 qui ont été élus lors du Congrès général du mouvement. Les plus en vue sont Mohammad Dahlane, quadragénaire, l'ex-homme fort du Fatah à Gaza, qui a fui en Cisjordanie, sa tête étant mise à prix par Hamas pour avoir résisté au coup de force des islamistes et Jibril Rajoub, quinquagénaire également, un ancien chef de la Sécurité préventive en Cisjordanie qui préside aujourd'hui la Fédération de football et le Comité olympique palestinien. Aujourd'hui, le Fatah sort de ce Congrès uni et renforcé, s'est félicité la jeune garde du parti fondé par Arafat en 1950, qui a les yeux tournés sur les élections législatives censées se dérouler au début de l'an prochain. “Beaucoup de tâches nous attendent, la principale étant notre relation avec le Hamas”, devait renchérir Dahlane, bête noire du Hamas qui le lui a bien rendu puisque, entre autre, les islamistes l'ont accusé d'être le protégé des Américains ! Le négociateur palestinien Saëb Erakat, inlassable défenseur des positions palestiniennes dans les médias internationaux, a également été élu au Comité central lors du vote auquel ont participé plus de 2 000 délégués. Les représentants du Fatah à Gaza ont dû voter par téléphone, Hamas les ayant consigné ! En revanche, Ahmad Qoreï, 72 ans, un vétéran du Fatah, proche de Arafat et qui avait été chef du gouvernement et avait mené les négociations ayant abouti aux accords sur l'autonomie palestinienne conclus avec Israël en 1993, n'a pas été réélu ! Parmi les autres perdants figure aussi Tayeb Abdelrahim, le secrétaire général de l'Autorité palestinienne. En fait, seul le président Mahmoud Abbas a échappé à la curée. Il a été reconduit par acclamation bien que lui aussi n'a pas échappé aux critiques de la jeune garde. Réalisme politique, car c'est le seul responsable palestinien qui a ses entrées chez les grands de ce monde. Dans son programme politique, le Fatah a rappelé son attachement à l'option d'une paix juste avec Israël, tout en réitérant le droit du peuple palestinien à la résistance contre l'occupation, conformément à la loi internationale. Ce programme lui a valu des critiques en Israël, où le chef de la diplomatie le raciste Avigdor Lieberman a affirmé que cette plate-forme politique avait enterré toute chance de parvenir à une paix avec les Palestiniens dans les prochaines années. Le Hamas a pour sa part affirmé par la voix de son porte-parole Fawzi Barhoum à Gaza qu'il jugerait la nouvelle direction du Fatah selon sa politique et ses actes. Le Fatah doit avant tout régler ce bicéphalisme qui fait que lui dirige en Cisjordanie et Hamas à Gaza depuis 2007. D. B.