Depuis la tenue de la première réunion de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) le 21 janvier dernier, la société civile a commencé à s'organiser à travers tout le pays pour intégrer la dynamique lancée par l'organisation dirigée par maître Mustapha Bouchachi. C'est ainsi que mercredi dernier, un groupe de journalistes issus de plusieurs journaux et travaillant dans plusieurs grandes villes du pays a mis sur pied une association baptisée Collectif des journalistes algériens autonomes (COJAA). Ce collectif qui fédère déjà de nombreux professionnels des médias réclame, au même titre que la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, la levée de l'état d'urgence. Dans un appel lancé durant la soirée de mercredi, les animateurs du COJAA exigent, en outre, l'ouverture des champs politique et médiatique, la consécration des libertés individuelles et collectives, et la dépénalisation du délit de presse. «Les journalistes algériens, qui ont toujours été à la pointe du combat pour la démocratie et la justice sociale et qui ont, en outre, payé un très lourd tribut pour défendre la liberté d'expression et de la presse en Algérie, ne peuvent pas rester aujourd'hui en marge de l'histoire et se contenter de se comporter en simples spectateurs devant le combat courageux mené par la société tout entière pour arracher le droit à la parole et à la liberté», soulignent les animateurs du COJAA dans leur communiqué n°1. Le Collectif des journalistes algériens autonomes qui doit décider dans les tout prochains jours de la position à adopter concernant la marche nationale que compte organiser à Alger, le 12 février prochain, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, regroupe des noms connus de la presse nationale tels Mustapha Benfodil, Zoubir Khlaïfïa, Hassan Moali, Houari Barti, Ali Cherarak, Zouaimia El Hadj Larbi ou encore Amine Esseghir. Une autre initiative allant dans le même sens a été initiée également mercredi dernier par un autre groupe de journalistes parmi lesquels on retrouve l'ancien secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), Rabah Abdallah. Ces journalistes organisés autour du Comité national pour la liberté de la presse (CNLP), réclament, eux aussi, «la levée de l'état d'urgence et l'ouverture des champs politique et médiatique». Le CNLP, qui a pris la décision vendredi de rejoindre la CNCD, appelle ainsi «l'ensemble des journalistes convaincus de l'impératif de l'instauration d'un Etat de droit où les libertés et la citoyenneté sont consacrées à se mobiliser pour porter haut cette revendication démocratique en cette phase décisive de l'histoire de notre pays». Des intellectuels s'impliquent Durant le courant de la semaine dernière, des hommes politiques et des universitaires ont, pour leur part, publié un manifeste pour des droits et libertés dans lequel ils soulignent «la nécessité urgente de rétablir la perspective démocratique par la levée de l'état d'urgence comme condition première pour jouir pleinement des droits de l'homme et des libertés publiques garantis par la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie et l'ouverture des espaces politique, syndical, associatif et médiatique nécessaires à la promotion et au respect du pluralisme, indispensable à la vitalité du pays et à son développement». Ce manifeste qui a requis le soutien de plusieurs centaines de personnes parmi lesquelles le professeur Issad, juriste de renom et ancien président de la défunte commission de réforme de la justice, réclame, par ailleurs, «la construction de l'Etat de droit, condition sine qua non à l'indépendance de la justice et à l'égalité de tous devant la loi (…) et la séparation des champs politique et religieux pour garantir l'autonomie individuelle, socle de la modernité politique». Les initiateurs du Manifeste pour des droits et libertés déclarent «agir en faveur d'un mouvement d'opinion pour la concrétisation, par des moyens pacifiques (…)». A signaler, enfin, qu'un groupe de journalistes a appelé à la tenue, aujourd'hui, d'un rassemblement à la maison de la presse Tahar Djaout d'Alger pour «dénoncer le jeu auquel se livre une certaine presse pour dénigrer toute action allant dans le sens du changement démocratique en Algérie».