Pour le public, joueurs et observateurs, « le retour de Rafael Nadal est bénéfique au tennis » après deux mois d'arrêt pour cause de blessures aux deux genoux. Depuis son échec retentissant de Roland- Garros, en juin dernier, face au Suédois Robin Soderling, le citoyen le plus célèbre de Manacor avait fait retraite dans sa belle île des Baléares pour se soigner. Ce retour à la compétition était souhaité, non seulement par les sponsors du numéro 2 mondial, on devine pourquoi, mais également par les directeurs de tournois. La preuve la plus visible a été administrée par l'affluence constatée à la Coupe Rodgers qui a débuté lundi dernier à Montréal, au Canada. Les gradins sont combles pour voir de nouveau en action l'un des meilleurs joueurs du monde. Son arrêt forcé a rendu Nadal probablement plus mature. Il sait maintenant qu'il ne peut pas continuer sur son incroyable trajectoire et « jouer tous les tournois pour les gagner tous ». Nadal a certainement compris maintenant que la nature humaine a des limites que nul ne peut dépasser. Ni lui ni personne. Son oncle et entraîneur, Toni, le sait aussi, lui qui déclarait récemment dans la presse espagnole qu'il fallait absolument que son neveu de champion se fixe des objectifs précis à l'avenir, ajoutant ensuite « comme Roger Federer ». Ce champion dont Nadal lui- même disait tout récemment : « Il est le meilleur », avouant ainsi tout le respect, réciproque d'ailleurs, qu'il a pour son illustre adversaire. Très conscient de ses possibilités actuelles, surtout dans le domaine physique, Rafael Nadal est arrivé à Montréal sans rouler les mécaniques. Il est vrai que ce n'est pas son genre du tout et nous en parlons en connaissance de cause. Tenant du titre à Montréal, il a dit ne pas être certain de le conserver et qu'il avait surtout besoin de faire des matches contre des adversaires de haut niveau afin de savoir où il en est vraiment avant l'US Open. La dernière levée du Grand Chelem sera forcément un passage révélateur pour l'Espagnol qui n'a, cette année, qu'un seul titre majeur à son palmarès, celui de l'Open d'Australie. Les deux autres, Roland- Garros et Wimbledon, ont été remportés par Roger Federer. A Montréal, Nadal a joué et gagné ses deux premiers tours mais sans pour autant être le moins du monde fixé sur ses possibilités actuelles. Par contre, il sait que son quart de finale contre la révélation de l'an dernier, l'Argentin Juan Martin Del Potro, sera d'un tout autre calibre.