L'Assemblée populaire de la wilaya (APW) de Béjaïa s'est réunie, la semaine dernière, en session ordinaire. Les élus ont eu à approuver le budget primitif de la wilaya avant de s'enquérir sur un état des lieux des plus sombres affectant les secteurs tant de la santé que de l'habitat.Dans le secteur de l'habitat, Béjaïa accuse un retard indescriptible. Le plan quinquennal 2010-2014 promet notamment des aides à la réalisation de 29 500 logements. Un chiffre difficilement réalisable même si l'on se félicite d'une hausse de 3 500 aides de plus que le dernier quinquennat. Premier grief des détracteurs de ce nouveau plan : alors que la demande est inestimable, le nouveau programme ne prévoit qu'un faible quota de 2000 logements sociaux dont 740 sont inscrits dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP). Le reste est constitué de 16 000 promesses d'aides à la construction où à l'extension de logements ruraux, 9500 autres aides pour le promotionnel aidé (LPA) et 6000 aides dédiées au social participatif (LSP). «La wilaya pourra bénéficier d'un programme supplémentaire pour peu que le foncier soit disponible», précise l'exécutif. Ce plan tient compte de la demande estimée par la commission mixte APW/administration qui avait siégé, il y a deux ans. L'État a prévu de mobiliser un budget de 59,5 milliards de dinars pour financer ces aides à l'accès au logement. «La réalisation des logements avancera au rythme du dégagement d'assiettes foncières», précise la wilaya. Les 21 467 logements inscrits dans le plan quinquennal 2004-2009 ne sont pas encore réceptionnés en totalité. Ce retard est imputable, selon l'administration, à la pénurie du foncier.Le wali avait mis en place récemment, à juste titre, une commission à qui il a assigné la mission de dénicher les terrains susceptibles d'accueillir, entre autres, des logements. Le foncier n'explique pas tout Mais le problème du foncier n'explique pas tout. Les difficultés du secteur de l'habitat ont aussi et surtout pour nom: incapacité des ménages à faire face à la flambée des prix des logements, lourdeurs bureaucratiques et outil de réalisation non qualifié. Si durant les dernières années, les aides consenties par l'État avaient permis à un certain nombre de ménages à revenus modestes d'accéder au logement, la flambée actuelle des prix de l'immobilier a rendu les aides dérisoires. Dans la formule LSP, l'aide de l'État qui était fixée à 500 000 dinars, représentait 30% du coût du logement. Actuellement, avec la flambée des prix (300% en moyenne sur trois ans), les 700 000 dinars qu'accorde la CNL représentent à peine 10% du coût du logement. Cette situation exclue, de fait, de nombreux ménages de l'accès au logement. Autre point: Beaucoup de souscripteurs aux logements, sous la formule de vente sur plan notamment dans le LSP, ont été victimes d'arnaques. Après avoir payé rubis sur ongles, les chantiers traînent sur plusieurs années, quand ils ne sont pas carrément abandonnés, au grand malheur des petits salariés. La nouvelle loi sur la promotion immobilière mettra-t-elle un terme à l'anarchie ? Pas si sûre. Un fait à souligner : la réalisation de tous les logements LSP sera confiée aux entreprises publiques. Une année après son inscription, le nouveau programme n'a été entamé que dans son volet lié à l'aide à la construction de logements ruraux. La wilaya ayant déjà accordé 2000 aides à la réalisation de logements en milieu rural. Lors des débats en plénière, un élu a dénoncé des lenteurs dans l'octroi des aides à la construction des logements ruraux. «Ces lenteurs ont été, par exemple, soulevées dans la commune de Tizi N'berber», relate-t-il. Enfin, un point souligné par un élu : tous ces programmes de logements n'ont tenu compte d'aucune norme urbanistique admissible. «Nous sommes en train d'ériger des cités dortoirs formées de cubes en béton moches et sans aucune âme esthétique», regrette cet élu.