Beni S'bih, l'une des localités les plus démunies de la wilaya de Jijel, composée d'une dizaine de hameaux coupés du monde et situés au fin fond de la commune enclavée de Ghebala, est encore à mille lieues du développement. Pour sortir de son isolement, cette région, au passé glorieux durant la guerre de libération nationale, a besoin de la réalisation d'une vingtaine de kilomètres de routes. Hormis l'électrification rurale et l'éclairage public, la région est encore au stade de l'attente de sa part du gâteau des projets de développement tant promis. Les habitants, un peu plus d'un millier, peinent à survivre à leurs conditions extrêmes. Ils broient quotidiennement le pain noir de leur existence meublée par des difficultés de déplacement d'un coin à l'autre. Rallier le chef-lieu de la commune ou aller vers Bordj Ali, n'est pas chose facile à cause du manque de moyens de transport. «Ici les moyens de transport sont réduits aux tracteurs et rarement on prend place dans des camionnettes. C'est à dos d'âne qu'on déplace nos malades», soutiennent des citoyens de cette contrée de l'Algérie profonde. Le P/APC, joint par téléphone, a fait part de son espoir de voir sa commune bénéficier d'un budget conséquent pour réaliser les projets de routes inscrits à l'ordre du jour. «Nous attendons les budgets des PCD et sectoriels pour entamer les premiers aménagements. La commune de Settara devrait prendre en charge 5 ou 6 km de voies, et le reste, c'est à l'APC de Ghebala de le réaliser», précise notre interlocuteur. Le terrain accidenté de cette région ne permet presque aucun accès aux habitations. Les rares véhicules qui s'aventurent sur ce terrain risquent de tomber en panne, avouent des habitants. Localité rongée par le chômage et la mal vie, Beni S'bih, manquant de la plus simple des commodités, s'accroche pourtant aux traditions ancestrales de sa population. «Les gens vivent ici de l'élevage caprin et du travail de lopins de terres. L'agriculture est encore à un stade rudimentaire», souligne-t-on. L'effort de développement, par manque d'enveloppes budgétaires conséquentes, se résume à quelques réalisations dans le domaine de l'assainissement et de l'AEP, a-t-on appris des autorités communales. Ailleurs, à l'autre bout du territoire de la commune de Ghebala, plus précisément à El Miada, 200 âmes attendent toujours de voir leur quotidien s'améliorer. L'isolement est le mal de tout le monde, clame-t-on du côté des responsables locaux. «Même ceux qui ont fui la région attendent l'amélioration des conditions de vie et la réalisation des routes pour venir reprendre leur existence dans cette terre si chère à leurs aïeux, qu'ils ont, hélas, quittées dans des conditions de peur et de sang, il y a presque une vingtaine d'années», estime-t-on dans cette région.