Témoins d'une époque révolue, les chaumières de Beni S'bih, une contrée misérable de la commune de Ghebala, aux fins fonds du sud-est de la wilaya de Jijel, résistent au temps. Ici, dans le dénuement le plus total, les taudis en chaume sont encore le signe d'une vie dans son état le plus rudimentaire. A Beni S'bih, l'un des fiefs les plus connus des quartiers généraux de la wilaya II historique durant la guerre de libération, on est encore loin de goutter aux vertus de l'indépendance. Sans route, ni couverture sanitaire, ni encore des écoles, les habitants continuent de végéter dans des conditions de grande misère. Les maisonnettes éparpillées ça et là à Dar Ahmed, Beni Oussam, ou dans les autres petites bourgades de cette contrée rurale, n'ont pour seule commodité que l'électricité. Ne rêvant plus depuis l'aube de l'indépendance que d'un simple tronçon de route, la population semble se résigner à vivre cette situation avec fatalisme. Et pour cause, jamais un habitant de Beni S'bih n'est allé se plaindre à l'APC ou fermer le siège de l'instance communale. «Ici, chacun compte sur ses bras, ses simples petits moyens pour survivre ; les ânes sont encore un moyen de transport et le bois est le seul outil pour se chauffer», témoigne-t-on. En hiver, où il n'est pas question de rêver de la bonbonne de gaz, les chaumières de Beni S'bih sont enfumées. «Le bois et la bouse de vache séchée sont notre gaz», ironise-t-on encore. Pour subsister, ce sont les petits labeurs hérités de père en fils depuis les époques les plus lointaines, qui continuent de nourrir les familles. Ici, c'est encore dans la pure tradition qu'on élève des chèvres, des vaches ou des moutons. Autrement, trouver un poste de travail n'est qu'une chimère. Peuplée de quelques 1500 âmes, Beni S'bih a trop vécu un isolement des plus durs, des plus cruels et des plus insupportables. Restée en marge des projets de développement, annoncés pour telle ou telle région, elle compte ses pénibles années sans espérer voir le bout du tunnel. Le P/APC de Ghebala, promet pourtant de concrétiser le projet tant attendu de la route. «Le projet est attribué, et il ne reste que le lancement des travaux», rassure-t-il. Ce fameux projet de route devra relier Beni S'bih au reste de la commune sur une distance de 15 km. Une enveloppe de 40 milliards de centimes lui a été réservée. S'il arrive à être concrétisé, il sera le premier à voir le jour dans cette région depuis l'indépendance. D'ici là, la fête est encore loin. Beni S'bih peut néanmoins espérer des lendemains meilleurs.