C'est la seconde rencontre du genre qu'a abritée mercredi la salle de l'APW, la première qui s'est tenue en avril dernier avait drainé plus de monde. Le wali d'El Tarf, Mohamed Belkateb, a, en effet, tenu à rappeler à l'assistance que «la culture de la tomate industrielle est la marque de fabrique de la wilaya d'El Tarf, titre qu'elle doit se réapproprier». Elle ne vient, selon l'exposé de la Chambre de l'agriculture, qu'en deuxième position, loin derrière les céréales, qui ne sont pourtant pas la vocation de la région, mais qui occupent 39 % de la surface agricole utile. Sur cette épineuse question, le président du conseil de wilaya interprofessionnel pour la tomate, également vice-président du Conseil national interprofessionnel, Berkane Abdelaziz, est intervenu pour expliquer que le plus gros obstacle au redéploiement de cette spéculation est l'importation du triple concentré de tomate (TCT) qui n'a pas cessé. Elle est à l'origine de l'accumulation, pour mévente, des stocks du produit local chez les transformateurs qui, à leur tour, ne peuvent pas rembourser les banques et payer les producteurs. Ils sont alors privés des crédits de campagne pour la saison suivante. C'est précisément le cas en ce moment. Le représentant des producteurs de tomates, en répondant aux souhaits du wali, a indiqué qu'il faut emblaver 7000 ha en irrigué et rouvrir les 8 unités de transformation de la wilaya qui absorbaient 14 000 quintaux/jour de tomate fraîche. Il n'y en a plus que 2 aujourd'hui, qui ne traitent que 2500 q/j. Plus personne ne veut se lancer dans l'aventure avec des conditions pareilles. PROBLÈME D'IRRIGATION Autre obstacle qui fait fuir les agriculteurs, la non-disponibilité de l'eau. Abdelaziz Berkane cite son propre cas : l'année dernière, il a acheté 3 millions de plants de tomates à 3 DA l'unité pour 100 ha, ce qui fait 300 millions de centimes. Il avait pris ses dispositions avec l'Office du périmètre irrigué pour commencer l'irrigation le 4 mars 2108. Il n'a eu son eau qu'au début du mois d'avril. Il aurait tout perdu sans de providentielles pluies de printemps. Le wali et le directeur des services agricoles lui ont répondu que le problème est pris en charge par les autorités centrales et que le TCT sera imposé de 200 % à l'importation. Selon eux, il n' y a pas d'importateur assez fou pour ça. Les participants sont encore revenus sur l'absence du marché de gros, ce qui fait que les commerçants vont chercher des produits d'El Tarf dans les marchés MIN d'Annaba, celui de Salah Bouchaour, à Skikda, et même celui de Chelghoum Laïd, à 300 km du chef-lieu. Une clémentine d'El Tarf, explique un agrumiculteur, vendue sur pied à 15 DA/kg revient sur son lieu d'origine à 150 DA/kg. A ceci, il faut ajouter les désagréments et les frais supplémentaires que cause à la circulation des produits le rayon douanier. Pourquoi ne pas limiter le rayon douanier aux seules communes frontières ? A Bougous, explique son président d'APC, Hani Hassen, les fellahs ont fait la moisson à l'ancienne, avec des faucilles. Oui, des faucilles !!! Des centaines d'hectares à la main faute de moyens mécaniques, en fait une seule moissonneuse-batteuse promise, mais qui n'a jamais été livrée. Par contre, ce qui est allé relativement vite, c'est la délivrance des autorisations de forage pour l'irrigation. 132, a annoncé le SG de l'UNPA, auxquels il faut ajouter ceux offerts par le FNDRA. La plupart d'entre eux sont aujourd'hui abandonnés. Résultat, les nappes alluviales sont devenues un gruyère dangereusement mis en contact avec les pollutions de la surface. Mais cela, qui s'en soucie ?