Les enseignements de l'Islam se fondent en premier lieu sur le Saint Coran et le Hadith, se basant tous les deux sur la révélation divine. «C'est nous qui t'avons révélé le rappel édifiant, et nous veillerons certes à son intégrité». (Ste Al Hidjr / V. 9). C'est ainsi que les musulmans croient, d'ailleurs à juste titre, au caractère miraculeux de la conservation intégrale du Saint Coran à travers les siècles, et ce, malgré leurs défauts et en dépit des manoeuvres diaboliques déployées en vain par les ennemis de la vérité pour en falsifier la forme et l'esprit, à l'instar des autres Ecritures Saintes qui connurent depuis leur révélation le tourment d'un tel supplice. En ce qui concerne le Coran, le Prophète Mohammed, Salut Divin Sur Lui, l'a dicté lui-même fragmentairement, en adéquation avec l'évolution des esprits et des problèmes temporels et spirituels de l'heure, pendant vingt -trois années de suite. Le Prophète précisait: «C'est de Dieu, à Moi révélé par l'intermédiaire de l'archange Gabriel». Quant au Hadith, c'est le recueil de toutes les nobles paroles et citations du prophète sans qu'il en soit donné ordre de les inclure dans le Coran. C'est également le recueil des descriptions de ce qu'a fait notre Prophète toléré chez ses compagnons. Ce sont donc toutes les actions du Prophète en temps de paix comme en temps de guerre, de ses différentes citations et sermons et de son approbation tacite quant aux solutions apportées aux problèmes d'ici-bas par ses apôtres. Le Saint Coran confirme cette révélation dans la sourate «L'étoile»: «Par l'étoile quand elle décline, votre Compagnon ne s'égare point ni n'est séduit par l'erreur. Ses propos ne procèdent pas de sa propre inspiration. C'est uniquement révélation inspirée.» A peine un an après l'émigration à Médine, fut imposée la discipline spirituelle la plus rigoureuse : le jeûne annuel pendant tout le mois de Ramadan, devient obligatoire pour tous les musulmans adultes, hommes et femmes à l'exception de ceux pour lesquels il est permis de ne pas jeûner pour cause de maladie, vieillesse, voyage etc. Le Saint Coran réglemente cette obligation spirituelle en ces termes dans la sourate «La vache / V 183 et suivants»: «Croyants! Le jeûne vous est prescrit comme il l'avait été aux confessions antérieures, ainsi atteindriez—vous à la piété. Des jours comptés y seront consacrés. Celui d'entre vous qui se trouve malade ou en voyage jeûnera plus tard un nombre égal de jours. A ceux qui ne le peuvent incombera en expiation, la nourriture d'un pauvre ; quiconque, de son plein gré, en nourrira davantage, y trouvera son bien. Mais de pratiquer le jeûne est préférable pour qui sait en voir le grand mérite.» «En ce mois du jeûne, Ramadan, fut révélé le Coran, Lumière éclairant la voie aux hommes et témoignage éclatant de vérité et de Salut. Quiconque d'entre vous verra poindre le croissant, jeûnera tout le mois. Celui qui parmi vous sera malade ou en voyage jeûnera plus tard un nombre égal de jours. Dieu entend vous mettre à votre aise et non vous imposer de contrainte, ainsi Lui rendriez-vous grâce pour ses bienfaits.» De ces versets, il ressort que le jeûne du mois de Ramadan est une obligation. Ainsi chaque jour de ce mois, il faut s'abstenir de manger, fumer et boire, quoi que ce soit, depuis l'aube jusqu'au coucher du soleil, cela s'entend dans les pays équatoriaux et tropicaux, et pendant une durée équivalente dans les régions polaires où le soleil reste couché pendant six mois de suite, pour paraître ensuite continuellement pendant six mois (à l'exception des deux jours d'équinoxe). Dans ces régions, on doit suivre le mouvement de la montre et non pas celui du soleil, aussi bien pour les offices que pour le jeûne. Il va de soi que le jeûne n'a valeur de cure spirituelle que si l'on s'abstient des plaisirs même en pensées. C'est une discipline bien rigoureuse, qui peut paraître très difficile aux adhérents des autres religions, mais même les nouveaux convertis y sont vite habitués, s'ils ont de la bonne volonté, comme en témoigne l'expérience des siècles. Le jeune est une obligation Le jeûne dure un mois tout entier. On sait que l'islam suit l'année lunaire ; il arrive donc que le Ramadan, mois de jeûne tombe tour à tour en toute saison de l'année, automne, hiver, printemps, été . Et l'on s'habitue à ces privations pendant les chaleurs accablantes, comme pendant les froids rigoureux. Le jeûne, discipline spirituelle, doit être accompli dans un esprit d'obéissance à Dieu. N'empêche qu'on en tire aussi les avantages matériels concernant l'hygiène, l'entraînement militaire, le développement de la volonté, entre autres, comme c'est aussi le cas des offices de prière. Le jeûne se présente à la fois comme une pratique religieuse et un exercice spirituel qui rapproche de Dieu. Et quiconque jeûnerait par prescription du médecin ou pour tout autre motif temporel serait loin d'avoir accompli le devoir religieux. Il convient à présent d'en rappeler certaines règles : on jeûne à la vue du croissant du mois de Ramadan, comme il a été clairement précisé par le Saint Coran, et on déjeune à la vue du croissant du mois suivant, que le mois soit de trente ou de vingt-neuf jours. Si le croissant est caché par les nuages, notre Prophète nous recommande dans l'une de ses nobles citations, de compter trente jours à partir du début du mois précédent et l'on commence le jeûne le jour suivant. On fait de même pour la rupture du jeûne. L'intention tacite du jeûne est exigée au début du mois, mais n'est pas requise au reste du mois. Le jeûne se poursuit de l'aube (soit une heure et demie environ avant le lever du soleil) au coucher du soleil. Si le fidèle doute que la prière de l'aube ait échu, il doit s'abstenir de manger. On doit s'empêcher de jeûner le jour du doute, par crainte qu'il ne soit compté comme le dernier jour du Ramadan. Quiconque pratique le jeûne comme tel, n'a aucune récompense, même si ce jour s'avère parmi les jours de Ramadan. Quiconque désire le jeûner à titre bénévole, il n'y a aucun inconvénient à le faire. Ce jour-là quiconque se réveille le matin, s'abstient de manger et de boire puis décèle que ce jour compte parmi les jours de Ramadan, n'a aucun mérite. Il doit continuer à ne pas manger le reste du jour, mais il aura à jeûner un autre jour en compensation. Les conditions de la koffara Le voyageur qui arrive à destination non à jeun, ou la femme qui se purifie de ses menstrues pendant la journée, doivent continuer la journée sans jeûner. Quiconque dans un jeûne bénévole, déjeune exprès, ou part en voyage et déjeune pour cause de voyage, aura à jeûner un autre jour à titre compensatoire. S'il rompt le jeûne par oubli, il n'aura pas à jeûner pour compensation, par contre, s'il s'agit d'un jour du jeûne obligatoire, le fidèle aura à jeûner un autre jour pour compensation. Quiconque est pris de vomissements au mois de Ramadan n'aura pas à remplacer ce jour. Mais s'il cherche à se faire vomir et parvient à vomir, dans ce cas, il aura à jeûner un autre jour à titre compensatoire. Celle qui est enceinte, si elle craint pour la santé du foetus, aura à rompre son jeûne sans pour autant être tenue à nourrir quelqu'un. Celle qui allaite un nourrisson, si elle craint pour la santé de son bébé et ne trouve pas de nourrice à employer pour le nourrir à sa place, ou si l'enfant refuse de téter de cette nourrice, à la faculté de rompre son jeûne quitte à nourrir quelqu'un se trouvant dans le besoin. S'il arrive à un homme âgé de ne pas jeûner, il est recommandable qu'il nourrisse une personne nécessiteuse. Cela s'entend pour chaque jour de jeûne à compenser. De même aura à nourrir une personne dans le besoin, quiconque néglige de faire le jeûne compensatoire de journées de Ramadan jusqu'à l'arrivée du Ramadan suivant. Ce serait en quelque sorte une pénalité de retard. Le jeûne n'est pas obligatoire pour l'adolescente qui n'a pas encore eu ses règles. Quand l'un et l'autre auront atteint leur puberté, les rites corporels leur seront obligatoires, Allah dit à ce propos: «Quand vos enfants atteignent leur puberté ils sont tenus à demander permission avant d'entrer dans vos appartements.» Pour l'homme qui se trouve impur, le matin, à la suite d'un coît (relation conjugale), la femme qui se serait rincée de ses règles avant l'aube , si l'un et l'autre ne pratiquent pas le lavage entier qu'après l'aube, ils peuvent profiter du jeûne de ce jour. Il n'est nullement admis de jeûner le jour de la rupture du jeûne (Aïd El Fitr) ni le jour de l'immolation (Aïd Annahr). Seul celui qui jouit de passer les deux jours qui suivent le Nahr, étant en pèlerinage qui ne trouve pas d'offrande à sacrifier, lui seul peut jeûner pendant ces deux jours. Pour le quatrième jour, il ne peut être jeûné bénévolement, mais peut être jeûné par voeu ou par celui qui pratique un jeûne poursuivi avant la fête de l'Aïd Annahr. Quiconque, par oubli, rompt son jeune dans un jour de Ramadan, aura, seulement, à jeûner un autre jour à titre compensatoire. De même est autorisé à rompre son jeûne celui qui est atteint d'une maladie l'empêchant de jeûner, ou qui part en voyage qui nécessite que la prière soit écourtée, même s'il n'en sent pas la nécessité, et il est tenu à remplacer ces jours à titre compensatoire. Mais il est préférable qu'il jeûne. Celui qui fait un voyage de moins de quatre distances «barids» (environ 90 km) croit qu'ainsi la rupture du jeûne lui est permise et le rompre n'aura pas d'expiation «kaffara» à faire, mais il aura à remplacer ces jours à titre compensatoire. Quiconque rompt le jeûne exprès, en mangeant, buvant, ou en pratiquant les relations sexuelles, il lui incombe aussi de remplacer les jours à titre compensatoire en sus de la kaffara. Cette kaffara nécessite de nourrir soit soixante pauvres, en offrant à chacun un repas consistant, soit libérer un esclave ou enfin jeûner deux mois successifs. Cette troisième forme d'expiation est recommandée surtout aux personnes fortunées en guise de blâme pour avoir blasphémé le sacré du jeûne. Quiconque passe la nuit dans l'évanouissement et ne reprend connaissance qu'après l'aube aura à refaire le jeûne compensatoire. Pour les prières qu'il n'a pas atteintes à cause de son évanouissement il n'aura à faire que celles qui ont échu après sa reprise de connaissance. Le jeûneur ne doit aucunement approcher des femmes ni par le coît, ni par l'attouchement ni par le baiser à la recherche du plaisir pendant la journée du Ramadan. Mais tout cela lui est licite pendant la nuit. Le Saint Coran stipule: «En termes de jeûne, les rapports sexuels vous sont permis la nuit avec vos épouses: elles constituent pour vous un vêtement et vous en êtes un pour elles. Vous vous étiez déjà, clandestinement permis de tels rapports, et Dieu le savait. Ainsi ne vous en tient-il plus rigueur : il vous pardonne. Approchez-les, désormais librement, et recherchez de ce que Dieu vous a imparti. Mangez et buvez à discrétion jusqu'à ce que l'on voit se détacher, sur le fond noir de la nuit, la pâle lueur de l'aube naissante. Poursuivez dès lors le jeûne jusqu'à la tombée de la nuit. Ne les approchez pas en temps de retraite spirituelle. Telles sont les bornes que Dieu vous assigne ; veillez à ne pas enfreindre Sa Loi» (Sourate la Vache / V 187). Il n'y a aucun inconvénient pour lui de rester impur à la suite d'un coît, jusqu'au matin. Quiconque éprouve le plaisir pendant un jour de Ramadan à la suite d'attouchement ou d'un baiser et émet un liquide (medhyoun) à cause de cela aura à refaire le jeûne compensatoire. Mais s'il le fait exprès jusqu'à émission du sperme (plus dense que le premier) il aura à faire la « kaffara » en guise d'expiation pour cette faute grave qu'il a commise à bon escient. Rappelons en passant que le Prophète a interdit d'étendre à plusieurs un jeûne continu, ou s'imposer un jeûne perpétuel se privant de manger et boire tous les jours de l'année, même à ceux qui voulaient le faire dans leur zèle pour les pratiques spirituelles, cherchant ainsi le surcroît de bénéfice. Le Prophète leur fit observer: «Tu as des devoirs, même envers ta propre personne». A part le jeûne obligatoire du Ramadan, on peut jeûner si l'on veut de temps en temps ; et pour ces jours volontaires, le Prophète a recommandé de jeûner chaque mois trois jours (les 13e, 14e et 15e jour du mois lunaire) ou les lundi et jeudi de chaque semaine, les 09e et 10e jour, du mois de l'Hégire Moharrem (Achoura), le jour précèdent l'Aïd An Nahr (Arafa) etc. Du point de vue médical, il est démontré que le jeûne perpétuel devient une habitude, qui ne fait par le même effet que l'interruption temporaire des habitudes ; qu'un jeûne de moins d'un mois ne fait pas grand effet, et qu'un jeûne de plus de quarante jours devient une habitude et la lutte contre les passions perdrait à ce moment-là tout son sens. Les mystiques font observer que la puissance de la nature animale empêche la perfection de l'esprit de l'homme. Pour soumettre le corps à l'esprit, il faut briser la force du corps et augmenter celle de l'esprit. On a trouvé que pour atteindre cette extase, rien n'est plus efficace que la faim, la soif, le renoncement aux désirs charnels et le contrôle de langue (parole) du coeur (pensée) et des autres organes. Un des aspects de la perfection individuelle est la soumission de la nature animale à la raison, à l'esprit ; la nature se trouve parfois en rébellion et parfois en soumission. L'homme a donc besoin de la pratique d'exercices durs, comme le jeûne, pour contraindre l'animalité. S'il commet des péchés, la pénitence et la mortification par le jeûne, consolent et lui purifient l'âme, tout en fortifiant sa volonté de ne plus répéter ses péchés et ses vices. On remarque aussi que ne pas manger ni boire ni entretenir des relations sexuelles est un trait de la nature angélique. En s'imposant ce régime, l'homme se rend davantage semblable aux anges et, comme il le fait pour obéir à l'ordre de Dieu, il se rapproche de Lui et obtient Son agrément, ultime souhait de l'homme lucide. Le mois du pardon C'est une antique notion, dans la société humaine que d'offrir à Dieu de nos gains: le dixième des récoltes par exemple. Jeûner c'est aussi offrir à Dieu la dîme de nos repas. Selon une notion parallèle dont parle le Coran (06 / 160): «Quiconque viendra avec le bien, à lui alors dix fois autant.» Toute bonne oeuvre est récompensée dix fois autant par Dieu. Et cela explique la parole du prophète Mohammed, Salut Divin Sur Lui: «Quiconque jeûne tout le mois de Ramadan, plus six jours dans le mois suivant (choual), c'est comme s'il jeûnait durant l'année entière.». En effet, l'année lunaire, en usage chez les musulmans a 355 jours, et le mois lunaire a tantôt 29 jours et tantôt 30 jours. Ainsi avec six jours de plus, le musulman qui jeûne pendant 35 ou 36, selon les années, mérite dix fois autant soit 350 ou 360 jours, et en moyenne 355 jours, ce qui représente le nombre de jours de l'année lunaire. Quiconque accomplit le mois de Ramadan dans la foi et la recherche de la satisfaction divine se verra pardonner tous ses péchés précédents. Quiconque dans la mesure du possible fait de pieuses pratiques nocturnes au cours de ce mois, gagnera beaucoup de récompenses et beaucoup de ses péchés, seront pardonnés. Le véritable jeûne doit aboutir à l'agrément divin, un jeûne qui enseigne les traits des gens vertueux: «Un peuple qu'il aime et qui l'aime» dit le Coran (05/ 24). La prospérité matérielle n'est nullement le signe de l'agrément divin ; Dieu donne à celui dont il veut éprouver la reconnaissance ; il la refuse à celui dont il veut éprouver l'endurance. Dans ces deux cas, l'importance pour l'homme, c'est sa dévotion, son attachement au Seigneur. Cela exige d'un côté l'anéantissement du Moi qui s'absorbe dans la volonté divine, et d'un autre côté, le sentiment constant de la présence divine effective. A rappeler que si près que l'homme puisse approcher de Dieu, il y a toujours une distance, une séparation une distinction entre le créateur et le créé. On anéantit son Moi, mais non pas sa personne. Plus haut est le degré que nous atteignons, plus Dieu parle par notre bouche, agit par notre main, désire par notre coeur ; l'homme devient la vertu personnifiée et le véritable représentant de Dieu sur terre. Il y a une ascension de l'homme et un voyage vers Dieu, mais il n'y a jamais une fusion des deux. C'est à cette ascension que nous prépare le jeûne du Ramadan et à ce bonheur sans fin que nous invite la bonne observance des ses règles.