Le titre que vous venez de lire n'est pas de votre serviteur, sinon la griffe d'un recueil de souvenance émaillée d'amour du regretté Himoud Brahimi dit Momo sur sa Casbah qu'il chérissait tant. Lui, l'enfant fétiche de La Casbah, qui aimait nous égrener, à l'ex-square Bresson, les éléments qui faisaient le charme de la cité d'autrefois. Cette ancienne médina qui tombe en ruine et qu'on n'a de cesse de « pleurnicher », me diriez-vous, à longueur de colonne, rapetisse. Ce beau patrimoine immobilier séculaire a beau nous interpeller depuis des lustres. Vainement. Nous lui tournons le dos depuis plus d'une quarantaine d'années. Il a beau crier son lot de douleurs, mais nous prenons plaisir à voir les murs de ses demeures en décrépitude et ses venelles salies et dégarnies de leur pavage. Une cité qui ne sait plus à quel saint se vouer, sommes-nous tenus de dire. Les saints patrons dont Sidi Flih, Sidi Mançour, Sidi Ouali Dada, Sidi Ouadah et Sidi Abderrahmane doivent certainement se retourner dans leur tombe en voyant la cité s'effriter sous notre regard impassible. Depuis l'indépendance, la politique menée par nos bien-pensants s'est révélée amorphe. Stérile. Pas de programme de sauvegarde efficient, sinon des actions sporadiques combinées à quelques envolées cycliques qu'animent certains conférenciers le 23 février de chaque année (baptisée Journée de La Casbah). Nos édiles éprouvent du mal à prendre à bras-le-corps ce pan immobilier ancestral. Ils donnent l'impression de s'escrimer et de brasser du vent pour le préserver de l'outrage du temps et de l'indifférence de nous autres. Il va sans dire que la triste image n'est pas sans générer un haut-le-corps. A l'image de ces ossements abandonnés dans un coin à Sidi Ramdane après les avoir soumis à l'analyse permettant de déterminer leur datation. Sans suite. La restauration, qui bat son plein ces dernières années dans les quelques palais en aval de la cité, saura-t-elle restituer la mémoire de cette cité, classée, faut-il rappeler, patrimoine universel par l'Unesco en 1992 ? Y a-t-il une volonté commune à même de soutenir l'effort de restauration de ce brin de mémoire collective ? Car la citadelle, pour ne citer que celle-là, fait du surplace depuis plus d'une quinzaine d'années. Quant au patrimoine immatériel de La Casbah, dont on parle ces derniers jours, on y reviendra peut-être un autre jour !