Evocation n Momo était un personnage populaire et aimé de tous. Paru aux éditions Alpha, Momo, la magie des mots, réalisé par Amar Belkhodja, se veut un livre-évocation racontant – en textes et en poèmes de Himoud Brahimi – ce personnage exceptionnel, voire singulier qu'était Momo, très connu pour son attachement à La Casbah. C'était un personnage populaire et aimé de tous. Ancré dans une algérianité typiquement algéroise, Momo, de son vrai nom Himoud Brahimi, avait passé toute sa vie à chanter avec verve et affection La Casbah, ses enfants, son art, sa culture, son histoire, ses rites, ses us et traditions. «Momo est peut-être celui qui a le mieux chanté la prestigieuse Casbah d'Alger, célèbre pour sa blancheur, ses hommes, ses musiciens, son combat, son histoire, sa patience, ses yaouled, son téméraire Ali la Pointe et la grande chahida de Novembre Hassiba Ben Bouali», est-il relevé dans le livre. Et de poursuivre : «Momo, c'est le verbe abondant, ce sont des yeux pétillants d'intelligence et de bonté, c'est la barbe du philosophe en quête de savoir pour traquer les énigmes, ce sont des tirades et une diction enviables et puis, et surtout, ce sont ses éclats de rire si naturels, si spontanés, si sincères, si inattendus.» Effectivement, Momo, qui a tenu un rôle mémorable dans le film Tahia ya Didou de Mohamed Zinet, qui est un grand classique du cinéma algérien, prend l'allure d'un philosophe, voire d'un sage, et tient un langage éloquent, profond et fort sémantique. C'est un verbe juste et d'une sensibilité saisissante. Outre son verbe, il y a son rire, un rire original ; quand il rit, ses yeux rient, tout son visage rayonne. C'est une vie, une existence en soi. Momo est également connu pour son talent de comédien, d'acteur, de poète et de nouvelliste ainsi que pour ses émissions radiophoniques. Il se trouve que son œuvre, son héritage littéraire reste, hélas, très mal connu ; c'est pour cette raison, et donc par devoir de mémoire, que Amar Belkhodja a recueilli dans ce livre, la trace écrite d'un personnage dont le nom résonne encore comme un écho dans nos mémoires. C'est pour nous le faire mieux connaître et célébrer «la mémoire d'un homme nanti d'une vaste culture», que de dire son verbe et sa sagesse. Momo nous a quittés le 31 mai 1997, à l'âge de 79 ans. Il est parti dans le silence et, comme tous les grands artistes algériens, dans l'anonymat. «Le pays était si troublé qu'il ne s'apercevra même pas de la disparition d'un homme si original et si vertueux et dont nous n'aurons certainement pas défloré tous les secrets», a écrit Amar Belkhodja.