Riche en ressources naturelles, Elle disposait de grandes surfaces réservées particulièrement à la production des céréales et de la pomme de terre. Elle perd aujourd'hui ses repères et n'est plus que le fantôme de ce qu'elle a été, il y a moins de quarante ans. Lors d'une récente visite d'inspection, le wali, Hocine Mazouz, s'est dit étonné de trouver la commune sans aucun aménagement ni traits urbains spécifiques. Une image qui révulse ses habitants. «C'est la faute aux maires qui se sont succédé. On dirait qu'elle est maudite, elle n'a pas eu un seul P/APC capable de la faire sortir de son état actuel», nous dit Yacine Merchiche, ex-membre de l'actuelle APC qui a démissionné pour contester la gestion de la commune. «Ce n'est pas que je fuis mes responsabilités mais ma démission est un acte politique et moral. L'APC est supposée servir le citoyen et le développement local. Ici nous n'avons ni l'un ni l'autre», explique-t-il. Yacine Merchiche donne un tableau noir de la gestion communale et énumère les dépassements en déclarant: «Ils n'affichent la consultation des marchés qu'un jour avant les délais, ainsi ils finissent par les octroyer de gré à gré, sous prétexte qu'il n'y a pas eu de propositions.» Le logement rural est l'autre cible des critiques de cet élu révolté «parce que, dit-il, distribué injustement». Et d'ajouter: «Il en est de même pour les postes de travail attribués dans le cadre des différents dispositifs. Vous imaginez qu'un quartier comme celui de Ali N'mer qui compte plus de 6 000 habitants ne bénéficie que de 5 postes de travail ?» C'est le mode de fonctionnement de l'APC qui indispose Merchiche. A ce sujet, il dira: «Les réunions de travail ne se font que la nuit à partir de 22 h, ainsi ne seront présents que les auteurs de manœuvres, je n'accuse pas tous les membres de l'APC, mais ceux dont je parle se reconnaissent.» Des procédures d'octroi de marchés floues L'ex-élu n'est pas le seul à critiquer l'APC de Merouana. On apprend que onze entrepreneurs de la commune ont envoyé plusieurs lettres aux autorités de la wilaya pour dénoncer les procédures floues d'octroi des marchés et des concours. « Même ceux qui réussissent à avoir un marché se voient bloqués et finissent par financer leurs travaux de leurs poches en se mettant dans une situation financières très difficile. On est, après tout, de petits entrepreneurs», nous confiera un entrepreneur s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. A noter qu' El Watan détient une correspondance signée par plusieurs entrepreneurs, critiquant cette situation. Le P/APC de Merouana, Mustapha Guidoum, contacté par téléphone, réfute toutes ces accusations. «Je défie ces personnes d'apporter des preuves concordantes qui appuient leurs accusations. Tout est réglementaire dans ma gestion. C'est une bande d'individus qui tente de nuire à l'APC à travers des lettres anonymes, et je compte déposer une plainte auprès des instances judicaires contre eux», a-t-il menacé. Sur la commission d'inspection de wilaya qui s'est rendue à Merouana ces derniers jours, il répondra: «La commission s'est déplacée dans le cadre de ses activités régulières, les inspecteurs sont restés trois jours et sont partis le plus normalement du monde. L'année passée aussi on a eu droit à la visite d'une inspection venue d'Alger, et elle est rentrée toute satisfaite.» Quelles que soient les origines du conflit entre les personnes, il est évident que Merouana peine à récupérer sa place d'antan, et les maux sociaux dont souffrent ses habitants ne sont que le reflet d'un déséquilibre auquel il faut remédier avec efficacité.