De notre Correspondant de Hassi Messaoud Au cours de la matinée d'hier, les manifestations des chômeurs ont repris de plus belle, bloquant les accès à la ville de Hassi Messaoud, secouée par la contestation depuis le 18 février dernier. Durant la nuit, des dizaines de manifestants ont été tabassés à coups de matraque par les brigades antiémeute de la gendarmerie. «Nous demandons à rencontrer le chef de daïra afin de lui faire part de notre ras-le-bol contre le clientélisme et le népotisme du bureau de main-d'œuvre de la ville la plus riche d'Algérie», explique Sid Ahmed Daha, l'un des représentants des chômeurs de Hassi Messaoud, joint par téléphone par la rédaction web d'El Watan. «Nous sommes tous les enfants des travailleurs venus s'installer dans les années 1980, encouragés par l'Etat», explique Hichame, licencié en psychologie industrielle depuis 2006, un des délégués de quartier. Il a aussi été élu par les protestataires pour s'occuper de l'agence de recrutement de Hassi Messaoud, nouvellement créée, pour le placement des jeunes. «Nous avons tous ouvert les yeux dans cette ville. Le certificat de résidence ? On ne peut l'obtenir que de cette ville. Et on ne peut s'inscrire pour prétendre à un emploi que dans cette ville. Alors, nous demandons à être respectés ! Qu'on arrête de nous prendre pour des idiots !» Pas des moins que rien Chawki, ingénieur d'Etat en géologie depuis 2009, un des neuf délégués de quartier, revient sur la genèse du mouvement. «Cela remonte à plus de deux mois, quand quarante chômeurs de Hassi Messaoud ont fait irruption au siège de la daïra pour exiger du travail. La nouvelle s'est tout de suite propagée. La plupart d'entre nous sommes universitaires, licenciés, ingénieurs ou titulaires de certificats de qualification. Des citoyens issus de bonne famille et pas des moins que rien. Nous ne demandons qu'un travail dans une ville industrielle capable de répondre à nos attentes. L'offre existe bel et bien, mais ceux qui sont chargés de nous trouver un emploi sont des corrompus. Les autorités locales sont au courant, mais personne ne bouge le petit doigt.» Le responsable du bureau communal de l'emploi de Hassi Messaoud a été relevé de ses fonctions. Ghobchi Madani, 26 ans, manœuvre de sonde, qui faisait partie des chômeurs à avoir tenté un suicide collectif l'été dernier à Ouargla, squatte toujours un des «100 locaux par commune» de Abdelaziz Bouteflika, à l'entrée de son quartier, Said Otba, car il ne peut plus vivre avec ses parents et ses sœurs dans la même chambre. Il est actuellement manutentionnaire au marché du ksar pour subvenir aux besoins de sa famille. Les autorités ont demandé aux manifestants un délai de 15 jours. Un discours que les révoltés du Sud refusent. «Nous irons à Alger voir qui de droit et nous resterons devant le siège de la daïra jusqu'à ce qu'on daigne régler nos problèmes.»