Quatre-vingt quinze personnes ont été tuées dans deux attentats visant les ministères des Affaires étrangères et des Finances au cœur de Baghdad, touchée par les violences les plus meurtrières depuis le retrait américain des villes du pays fin juin. Selon les ministères de l'Intérieur et de la Défense, la série d'explosions a également fait 563 blessés. Les autorités ont aussitôt accusé les baâthistes et les extrémistes d'avoir perpétré ces attaques. L'attentat le plus meurtrier s'est produit dans le centre de la ville où un camion piégé a explosé devant le ministère des Affaires étrangères. Au moins 47 personnes ont été tuées et 195 blessés dans ce seul attentat. Plusieurs corps étaient encore enchevêtrés dans leurs voitures qui circulaient devant le ministère au moment de l'explosion. L'attentat a provoqué un cratère de trois mètres de profondeur et dix de largeur, à quelques mètres de l'entrée de la zone verte qui abrite l'ambassade des Etats-Unis et le siège du gouvernement irakien. Dans un rayon de 300 mètres, toutes les voitures ont été détruites, les fenêtres brisées, les façades endommagées et les arbres calcinés, une scène de chaos au cœur de la capitale qui est venue rappeler la fragilité de la situation sécuritaire en Irak, malgré la baisse du niveau des violences. Les secours s'affairaient à extraire les corps des décombres et aider les blessés, tandis que des agents de la police scientifique collectaient des indices sur le sol pour l'enquête. « J'étais à mon bureau dans le ministère quand l'explosion a eu lieu. Le bâtiment a tremblé », a lancé Hassan, un employé du ministère, le visage ensanglanté et recouvert de bandages. « J'étais chez moi avec ma famille. Le plafond s'est écroulé », a ajouté encore sous le choc Hamid, 46 ans, un habitant d'un immeuble situé à quelques centaines de mètres de l'explosion. Baâthistes et islamistes au box des accusés « Le gouvernement nous dit que la sécurité est revenue, mais où est-elle ? L'attentat s'est produit devant le ministère des Affaires étrangères, au cœur de Baghdad », s'est emporté l'homme dans le parking de l'immeuble, recouvert d'une épaisse fumée noire provoquée par l'incendie de dizaines de véhicules. « Où sont les secours ? Appelez des ambulances ! », lançait des habitants aux fenêtres des bâtiments, inondés par l'eau de citernes situées sur les toits qui ont été transpercées par des débris. « L'alliance des baâthistes et des extrémistes islamistes est responsable de ces opérations terroristes qui visent à saper la situation sécuritaire et politique », a indiqué Qassam Atta, le porte-parole du commandement militaire de la capitale. Un autre attentat qui visait le ministère des Finances a causé la mort de 28 personnes, alors que 95 ont été blessées, selon les ministères. Le camion était placé sous le pont d'une voie rapide reliant le nord au sud de la capitale. Un tronçon de 30 mètres du pont s'est effondré et des voitures ont été précipitées dans le vide, a affirmé un policier sur place. C'est la seconde fois depuis 2007 que ce ministère est totalement ravagé. « Le souffle de l'explosion m'a projeté à cinq mètres de ma place. Le faux plafond s'est effondré sur nos têtes », a affirmé Mohammed Sale, un employé du ministère des Finances, hospitalisé à la Cité médicale. « Plusieurs directeurs généraux du ministère sont blessés et hospitalisés dans notre établissement », a affirmé le responsable de la Cité médicale, qui n'a pas voulu être identifié. Une autre voiture piégée a explosé dans le quartier de Baya, à l'ouest de Baghdad. Deux personnes ont été tuées et cinq blessés dans cette attaque. Ces attentats se sont produits à quelques jours du début du Ramadhan, une période en général propice aux violences.