Quatre personnes ont été tuées et 54 autres ont été blessées hier dans une série d'attentats contre des bâtiments publics à Baghdad et des églises à Mossoul (nord) au lendemain de l'audition par le Parlement des principaux responsables de la sécurité. En dépit du renforcement des mesures de sécurité, trois voitures piégées ont explosé simultanément à l'aube dans trois parkings, l'un dépendant du ministère de la Défense, le second en face du ministère des Affaires étrangères et le troisième près du ministère des Emigrés et des déplacés, dans un cercle de moins d'un kilomètre. Les explosions ont fait quatre morts et 14 blessés, selon un premier bilan. «Deux personnes en tenue d'officiers de l'armée irakienne ont garé leur voiture qui a explosé quelques minutes plus tard dans ce parking dépendant du ministère de la Défense où seuls les militaires sont autorisés à entrer», a affirmé un officier supérieur, qui a requis l'anonymat. Le parking se trouve à proximité de l'ambassade d'Iran. «Comment les policiers et les militaires peuvent-ils laisser passer des voitures piégées?», se lamente Oum Ali, assise sur le trottoir. «Un homme a laissé sa voiture ce matin et est parti presque en courant. Quand mon fils s'est approché, elle a explosé», explique une femme dont le fils a été blessé dans l'attentat. Près du ministère des Affaires étrangères, «une voiture japonaise grise a blessé une personne en explosant» partiellement, assure le gardien du parking. «La détonation est due a une bombe magnétique placée sous la voiture mais nous avons trouvé à l'intérieur trois bombes, nous considérons qu'il s'agit d'une voiture piégée», affirme un responsable du ministère de l'Intérieur. La police a désamorcé un quatrième véhicule, garé près d'un point de contrôle menant vers la «zone verte», secteur central et ultra-protégé abritant notamment l'ambassade américaine et le gouvernement irakien. A l'intérieur de cette camionnette rouge fabriquée en 2009, portant une plaque d'immatriculation de Baghdad, «nous avons trouvé trois mines antichar et quatre bombes artisanales dissimulées sous les sièges et dans les portes», affirme un général de police qui a requis l'anonymat. C'est la quatrième série d'attentats en quatre mois à Baghdad, qui frappe principalement des bâtiments officiels. Le 19 août, un double attentat suicide contre les ministères des Affaires Etrangères et des Finances a fait 106 morts et 600 blessés. Le 25 octobre, c'était au tour du ministère de la Justice et du gouvernorat de Baghdad d'être visés, faisant 153 morts et plus de 500 blessés. Le 8 décembre, cinq attentats simultanés avaient fait 127 morts et 448 blessés. A Mossoul (350 km au nord de Baghdad), deux explosions ont visé des églises syriaques, l'une catholique et l'autre orthodoxe, faisant 40 blessés dont des élèves d'une école chrétienne voisine, selon la police. Ces attaques surviennent au lendemain de la fin des auditions, qui ont duré plusieurs jours, des responsables des services de sécurité du pays. Les parlementaires ont critiqué la mauvaise coordination entre les ministères, ces derniers reprochant au Parlement de ne pas allouer le budget nécessaire pour leur mission et notamment le recrutement d'informateurs. Le général Ray Odierno, commandant des forces américaines en Irak, a prédit récemment un regain des attaques avant les élections législatives prévues le 7 mars.