Au quotidien, ces lieux ne désemplissent plus d'une foule de retraités et de travailleurs. Ces derniers abandonnent carrément leur travail pour se pointer, tôt chaque matin, devant les portillons des bureaux de poste dans l'espoir de percevoir leurs soldes. C'est lamentable, nous dira un salarié habitué des lieux. «Plusieurs jours de suite, je me suis présenté tôt, mais je retourne bredouille après avoir prélevé une heure ou plus de travail en me faisant engueuler par le patron.» Un autre salarié qui fait le pied de grue depuis plusieurs jours crie également sa colère : «On nous méprise avec notre propre argent». Il avoue que cette situation de non-paiement l'a endetté «jusqu'au cou». Un agent de la poste reconnaît que «deux pauvres vieux retraités ont risqué leur vie dans une bousculade devant le bureau de la poste d'El M'sallah de Médéa après l'ouverture du portail». D'après lui, ils ont été retirés in extremis par plusieurs personnes des pieds de la foule et ils ont été évacués en urgence vers l'hôpital de Médéa, où ils ont reçu les premiers soins. Certains citoyens ont observé un manège où les petits versements effectués à la caisse de la poste sont souvent réservés aux passe-droits et aux privilégiés, tandis que les autres salariés peuvent toujours attendre l'approvisionnement qui dépend du bon gré de la Banque d'Algérie. Les responsables des bureaux de poste ne semblent plus s'inquiéter de cette situation catastrophique qui prive des centaines de pères de famille de leur gagne-pain pour subvenir aux besoins nécessaires à la survie de leurs progénitures. Aujourd'hui, vous ne trouvez plus personne à la poste pour vous renseigner. On vous répète tout simplement de revenir le lendemain sans aucune précision ni assurance pour percevoir votre salaire ou votre pension de retraite. Encore une journée d'absentéisme dans les administrations et les entreprises.