Foie, tissus graisseux, muscles, pancréas… Quand le corps arrête de recevoir des aliments, il continue à travailler pour compenser le manque. Une machine perfectionnée qu'il faut ménager au moment de la remettre en route. Les conseils de Hamid Brahimi, médecin spécialiste en rééducation alimentaire. Dès que l'on recommence à manger, la faim revient vite. Vrai. « A la fin d'une journée de jeûne, le corps commence à souffrir d'hypoglycémie. C'est idéalement la première chose à corriger à la rupture du jeûne. Deux ou trois dattes (sucres d'absorption rapide) sont conseillées, comme dans la tradition du prophète. » Quelques instants après l'ingestion des aliments, l'insuline, dont l'activité était en veilleuse dans le sang, remonte brusquement pour remplir sa mission : faire pénétrer le sucre dans les cellules. « S'ensuit juste après une brève période d'hypoglycémie transitoire qui sera ressentie comme un “rebond” de faim. Voilà pourquoi nous avons encore faim au début du repas, et nous sommes tentés de manger beaucoup et vite… » Mais il faut manger vite pour reprendre des forces rapidement. Au contraire ! Plus vous mangez vite, plus vous vous retrouverez en hyperglycémie, vous aurez chaud et somnolerez. « Réalimentez-vous le plus lentement possible, buvez de l'eau dès le début du repas - cela remplira l'estomac et corrigera en même temps le manque d'eau. Gardez aussi en tête que les mécanismes de la satiété (cette sensation de ne plus avoir faim) se mettent en place au bout de 20 à 30 mn, et ce, quelle que soit la quantité consommée. La faim est donc apaisée au bout d'une certaine durée du repas et non après avoir ingurgité une certaine quantité d'aliments. » Par ailleurs, manger trop vite a des effets néfastes sur l'organisme. « Un estomac vide se voyant trop rempli en peu de temps se distend et comprime les organes autour, donnant lieu parfois à certains troubles fonctionnels (essoufflement, tachycardie, troubles du rythme cardiaque, ballonnement abdominal, douleurs, nausées...). Le jeûne est bon pour l'estomac. Oui, sur un estomac sain. « Il peut même avoir un effet bénéfique sur tout le tube digestif, estomac compris. A situation extrême, l'estomac souffre plus quand il est trop rempli que lorsqu'il est vide. A l'inverse, si l'estomac souffre d'un dysfonctionnement telle une hyperacidité comme celle rencontrée dans l'ulcère, alors le jeûne peut aggraver ce trouble, car l'alimentation dans ce cas jouerait le rôle de pansement, de tampon de la muqueuse gastrique. Le médecin saura au cas par cas autoriser ou déconseiller le carême. L'avis du médecin fait autorité dans la législation musulmane quant il s'agit de protéger la santé de l'individu. »