La libération du Libyen Abdelbaset Al Megrahi, condamné pour l'attentat de Lockerbie, a suscité la consternation aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, contrairement à la Libye qui a reçu le condamné comme un « héros ». La décision de la justice écossaise a été saluée par le fils du guide de la révolution libyenne Maamar El-Gueddafi, comme une « position courageuse » du gouvernement écossais. « Je remercie nos amis dans le gouvernement britannique, qui ont eu un rôle important ayant permis d'arriver à cette fin heureuse », a déclaré Seif Al Islam, arrivé jeudi à Tripoli avec M. Megrahi à bord d'un avion spécial. En effet, Tripoli a refusé que les deux Libyens inculpés, Megrahi et Al Amin Khalifa Fhimah soient jugés en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis. Cependant, en août 1998, Londres et Washington acceptent le principe d'un procès dans un pays neutre, les Pays-Bas, à condition que le procès soit conduit « par un tribunal écossais ». A l'issue du procès des deux Libyens sur l'ancienne base américaine, la cour a condamné le 31 janvier 2001 Megrahi à la prison à vie et acquitté Fhimah. En phase terminale d'un cancer de la prostate, M. Megrahi a été libéré par le gouvernement écossais, malgré les critiques de Washington. A ce propos, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, « avait jugé l'accueil en héros réservé par la Libye à Abdelbaset Ali Mohamed Al Megrahi « profondément affligeant », en particulier pour les familles des 270 personnes tuées dans l'attentat en 1988. Megrahi a été accueilli jeudi soir à Tripoli par des centaines de personnes agitant des drapeaux libyens et écossais, malgré l'appel du président américain Barack Obama à le recevoir dans la discrétion. A. Megrahi avait été condamné à la prison à vie avec une peine de sûreté de 27 ans pour l'attentat contre un Boeing 747 de la compagnie américaine Pan Am, qui avait explosé le 21 décembre 1988 au-dessus de Lockerbie, une petite ville d'Ecosse, faisant 270 morts, en majorité des Américains. Des familles des victimes américaines de l'attentat ont exprimé leur indignation après la libération du seul homme condamné dans cette affaire et son retour en héros en Libye, son pays. Les déclarations du ministre écossais de la Justice, Kenny MacAskill, qui a justifié cette libération au nom de la « compassion » et de la « clémence » ont également suscité l'indignation des familles aux Etats-Unis. Par ailleurs, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, a prévenu la Libye que le traitement réservé à Megrahi, qui a toujours plaidé son innocence, pourrait avoir de sérieuses conséquences sur ses relations avec la Grande-Bretagne.