Si le secteur public de la santé peine à mettre à la disposition de la population de la wilaya de Jijel certaines spécialités médicales, celui, privé, est submergé par le nombre sans cesse croissant de malades qui aspirent à une prise en charge spécialisée de leur pathologie. Les spécialités les plus demandées demeurent sans conteste la cardiologie, la chirurgie et la gynécologie. Un simple tour dans les hôpitaux ou dans les cabinets médicaux spécialisés permet de se rendre à cette évidence aux conséquences souvent fatales pour la vie des malades. Faute d'un gynécologue dans les hôpitaux, les parturientes sont exposées à tous les risques et contraintes souvent à l'évacuation au CHU de Constantine, lui-même débordé par les transferts qu'il reçoit de tout l'est algérien. Désarmés et souvent débordés face à des situations délicates, les sages-femmes et les médecins généralistes appellent souvent les chirurgiens à la rescousse pour sauver une vie dans le cadre de l'urgence obstétricale vitale. Devant tout accouchement dystocique, l'appréhension est de mise jusqu'à ce que les sages-femmes poussent un ouf de soulagement au premier cri du nouveau-né. Cela dit, les malades atteints de pathologies cardiaques ne sont pas mieux lotis et encourent souvent le danger de périr faute d'une prise en charge spécialisée. Trois spécialistes exerçant à Jijel dans des cabinets privés se partagent le grand nombre de malades qui rencontrent des difficultés à décrocher un rendez-vous pour une consultation. «Pour voir le médecin pour un problème cardiaque de mon père, l'infirmière m'a dit de patienter deux semaines», raconte un jeune homme d'un village périphérique de la ville de Jijel. Submergé par les demandes de consultation, un cardiologue a sacrifié son jour de repos hebdomadaire, pour venir travailler le vendredi matin. Un autre ne reçoit ses malades que sur lettre d'orientation. «Laissez-nous la lettre et repasser nous voir pour prendre rendez-vous», annonce la secrétaire médicale aux malades dans l'un de ces cabinets. La chirurgie est l'autre spécialité qui fait courir les malades. Pour se faire opérer dans une structure publique, ces derniers doivent attendre, passer et repasser devant un chirurgien ou se résigner à mettre la main à la poche pour se faire admettre dans une clinique privée. «On m'a dit que mon cas était difficile; et c'est par peur que je n'ai pas hésité à me faire opérer dans une clinique privée», explique un malade. Un autre soutient qu'il n'y a pas plus facile que de passer dans une clinique privée, parce qu'à l'hôpital public, c'est compliqué. «Chez le privé ? Il faut payer et passer, il n'y a pas de problèmes», ironise-t-il.