Bien que ces chiffres paraissent satisfaisants, le manque de personnel est devenu un véritable handicap pour le secteur, ce qui cause des désagréments pour les malades, notamment ceux qui ne peuvent pas se payer des soins chez le privé. La situation difficile à laquelle fait face le secteur de la santé depuis ces dernières années n'est plus un secret pour personne. D'abord, le problème du manque du personnel paramédical est toujours mis en avant, bien que l'institut national de la formation supérieure paramédicale de Jijel forme chaque année un nombre considérable de paramédicaux. D'ailleurs, durant le mois d'octobre 2014, l'institut a formé 130 paramédicaux, dont 99 infirmiers de santé publique. Pour ce qui est des sages-femmes, des sources proches du dossier précisent que 20 élèves sont en formation dans les instituts de Béjaïa et de Annaba, et seront affectées à Jijel dès l'achèvement de leur formation. Bien que ces chiffres paraissent satisfaisants, le manque de personnel est devenu un véritable handicap pour le secteur, ce qui cause des désagréments pour les malades, notamment ceux qui ne peuvent pas se payer des soins chez le privé. Y a-t-il vraiment des médecins spécialistes à Jijel ? La wilaya de Jijel accuse un déficit criant en matière de spécialistes, notamment dans les disciplines les plus sollicitées, à l'image de la cardiologie, la chirurgie, la dermatologie, la gynécologie. Même avec la présence de certains médecins spécialistes, la couverture demeure très aléatoire, ce qui pousse les malades à abandonner la médecine gratuite et se diriger vers le secteur privé, bien que les prix soient extrêmement élevés. Un nombre important de malades qui souffrent de pathologies plus ou moins graves préfère se rendre au CHU de Constantine ou celui de Béjaïa et parfois même à Alger pour être pris en charge. Pour ce qui est des parturientes, c'est devenu systématique, soit elles se rendent aux villes limitrophes en l'occurrence Constantine ou Béjaïa, soit mettre le paquet dans le secteur privé qui saute sur l'aubaine que leur offrent les défaillances du public. À l'EPH d'El-Milia, le volet gynécologie est couvert par trois spécialistes, mais ça reste tout de même insuffisant de par la forte pression qu'enregistre ce service qui reçoit plusieurs dizaines de femmes malades par jour, venues d'El-Milia et ses alentours. La maternité de Jijel sans gynécologue Si l'EPH Bachir-Mentouri d'El-Milia enregistre trois gynécologues, et celui de Taher deux, la maternité de l'hôpital de Jijel n'en possède aucun, et ce, depuis plus de deux ans. Bien que l'absence de gynécologue ait été signalée à maintes reprises aux services de la DSP, le problème persiste toujours. Selon nos sources, "ce sont les médecins généralistes et les sages-femmes qui s'occupent des accouchements ordinaires (par voie basse). En cas d'accouchement dystocique, les parturientes sont envoyées par leurs propres moyens soit à l'EPH d'El-Milia, soit au CHU de Constantine, sinon vers le privé où elles doivent payer pas moins de 70 000 DA". Bien que des spécialistes en chirurgie générale pratiquent certaines césariennes, il n'en demeure pas moins que ces derniers, au nombre très limité, n'arrivent pas à satisfaire toutes les demandes d'intervention. Certaines femmes qui ne veulent pas prendre le risque d'accoucher dans une maternité sans gynécologue se dirigent directement vers les cliniques privées pour donner naissance à leurs bébés dans de bonnes conditions et sans douleur. Par ailleurs, il faut dire que même le nombre de gynécologues privés à Jijel est restreint. En effet, dans toute la wilaya, on enregistre 13 spécialistes seulement, dont 8 activent au chef-lieu. Cette situation a fait que les cabinets de ces médecins débordent de monde durant toute la semaine, au point où avoir un rendez-vous est devenu une véritable galère. "On ne prend de rendez-vous qu'une fois tous les 15 jours", nous dira une assistante d'un gynécologue à Jijel. Un autre médecin de la même spécialité affirme ne donner de RDV qu'à partir du mois de mai prochain, tandis que d'autres laissent une feuille et un stylo au seuil de la porte pour que chaque malade puisse s'inscrire lui-même. Cette situation s'est répercutée sur les patients qui sont souvent contraints de voyager vers d'autres villes pour passer une simple visite. Ahmed Ghali