Organiser un tournoi de jeu de boules ou de pétanque à Constantine n'est toujours pas une mince affaire. A en croire les nombreux amoureux passionnés, ce sport-loisir risque même de disparaître à jamais d'une ville qui voit ses espaces de détente rétrécir comme une peau de chagrin. Pour preuve, sur les multiples courts qui n'arrivaient pas, un certain temps, à contenir les masses de joueurs tous âges confondus, il n'en reste plus qu'un nombre très limité. Pour évoquer ceux qui ont disparu à jamais, on a fait un tour du côté du boulevard Belouizdad où, juste derrière le square Guessoum Mohammed, plus connu par les riverains par square Gambetta, des courts tombés en ruine, ayant sombré depuis longtemps dans l'oubli, ne sont présents d'ailleurs que dans la mémoire des vieux d'un quartier qui a connu lui-même les affres de la déportation (pour ses habitants) et de la déformation (pour son cadre social). Dans ce même quartier, les autorités ont plutôt une préférence pour les parkings après la démolition des bâtisses menaçant ruine. Depuis trois ans déjà, un autre site complètement rasé pour des besoins d'utilité publique, car il s'agit là de construire un hôtel de haut standing, fera désormais partie de l'Histoire. Seuls les générations des années 1960, 1970 et même 1980 se rappelleront encore du square Hadj Ali et du terrain Panis. Un havre de paix et de convivialité dans un cadre boisé où des familles de sportifs attendaient impatiemment le week-end pour retrouver une ambiance qu'on ne pourra malheureusement plus recréer de nos jours. Même dans les quartiers populeux comme celui de Djenane Ezzitoune, le délabrement que connaît le seul boulodrome, aménagé aussi en aire de jeu pour les enfants et situé sur un espace cloîtré entre la route et la zone industrielle, marquera la fin d'un site qui semble être frappé par le mauvais sort. En montant vers le quartier de Sidi Mabrouk, à quelques encablures de la voie ferrée, le fameux boulodrome de la boule noire n'est plus que l'ombre de lui-même. « On ne comprend plus pourquoi on s'est acharné sur ce lieu qui était la fierté des riverains », nous dira un habitant qui déplore la perte d'un vrai joyau de la cité. « La boule noire » offre le spectacle d'un lieu bombardé, ceci pour clore la série noire. Seul le boulodrome de Bab El Kantara, quelque peu entretenu, continue de survivre, comme pour rassembler les quelques retraités du quartier autour des interminables parties de cartes et des bavardages sur les rencontres de football des deux clubs moribonds de la ville.