« On ne peut pas imaginer que ce soit quelqu'un d'autre qui dirige la transition », a clairement prévenu à la mi-août l'ex-DJ devenu TGV, puis président. Les principaux leaders politiques de Madagascar se retrouvent aujourd'hui au Mozambique pour entamer, sous médiation internationale, la seconde phase de leurs négociations sur la transition dans la grande île, avec la délicate question de la répartition des postes. Le 9 août à Maputo, au terme d'une « rencontre historique », les quatre poids lourds de la scène politique malgache avaient signé un accord prévoyant la mise en place d'un nouveau gouvernement de transition et l'organisation d'élections d'ici fin 2010. Cet accord était censé mettre un terme à la grave crise politique qui affecte Madagascar, actuellement dirigé par Andry Rajoelina, après le départ forcé, en mars, sous la pression de la rue, du président Marc Ravalomanana. La communauté internationale réclame depuis lors le retour à l'ordre constitutionnel dans ce pays de l'océan Indien. Sous la médiation d'une équipe dirigée par l'ancien président mozambicain Joaquim Chissano, la rencontre de Maputo a rassemblé pour la première fois depuis mars les rivaux Rajoelina et Ravalomanana, ainsi que deux anciens chefs d'Etat malgaches, Albert Zafy et Didier Ratsiraka. Au dernier jour de ce « sommet » et malgré la signature d'un accord sur une charte de transition, les discussions ont cependant achoppé sur l'attribution des postes au sein des nouvelles institutions. Pour leur rendez-vous d'aujourd'hui à ce Maputo II, les leaders malgaches entrent donc dans le vif du sujet et abordent la phase la plus sensible de leurs négociations, avec notamment la désignation du président de transition, d'un Premier ministre de consensus et la répartition des ministères-clés. Anticipant le bras de fer, l'actuel homme fort de Madagascar, M. Rajoelina, s'est déjà posé comme le futur patron de la transition : « On ne peut pas imaginer que ce soit quelqu'un d'autre » qui la dirige, a clairement prévenu à la mi-août l'ex-opposant, porté au pouvoir par l'armée et qui a forcé M. Ravalomanana à l'exil. Selon les termes de l'accord, les membres du futur gouvernement ne pourront pas se présenter aux élections qui seront organisées d'ici fin 2010, à l'exception du président de transition. Si jeunesse… Par ailleur, le chef de l'Etat évincé a obtenu l'annulation d'une condamnation à quatre ans de prison pour l'achat controversé d'un avion présidentiel ; il a renoncé à participer à la transition et s'est engagé à ne rentrer au pays que quand les conditions politiques et sécuritaires lui seront favorables. Mais de l'aveu même des médiateurs, les discussions s'annoncent très difficiles. « Nous allons avoir des séances très dures », a prévenu Edem Kodjo, représentant de l'Organisation Internationale de la francophonie (OIF) au sein de la médiation. Refusant ce qu'elle estime être une « politisation » de l'armée, la hiérarchie militaire malgache a déjà prévenu qu'elle rejetait « catégoriquement » une clause de la charte de transition prévoyant « la création d'un comité de réflexion » sur les forces de sécurité. Sans doute pour tenter de consolider l'accord du 9 août, l'équipe de médiation s'est rendue en fin de semaine à Madagascar, où elle a assuré avoir constaté « l'unanimité » autour de la future transition. Samedi, 69 organisations de la société civile malgache ont signé leur adhésion à la charte de transition pour « démontrer publiquement leur engagement à soutenir le processus ».