Les leaders malgaches, réunis pour la deuxième fois en moins d'un mois à Maputo, ont repris hier leurs discussions sur la répartition des postes-clés au sein des institutions de transition, une tâche qui s'annonce difficile compte tenu des exigences de chaque camp. L'actuel homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, son rival Marc Ravalomanana, ancien président malgache évincé en mars, et deux anciens chefs d'Etat sont arrivés en fin de matinée d'hier au centre de conférences. Ils ont commencé par rencontrer individuellement les membres de l'équipe chargée de la médiation internationale, avant de se retrouver en plénière. Les quatre hommes, représentant les principales mouvances politiques de la Grande Ile, s'étaient rencontrés pour la première fois à Maputo où ils avaient signé le 9 août un accord mettant en place une période de transition politique. Ils étaient tombés d'accord sur l'instauration d'un nouveau gouvernement de transition et sur l'organisation d'élections d'ici fin 2010 pour sortir Madagascar de la crise politique débutée en janvier. Mais ils n'avaient pas réussi à s'entendre sur un point: le partage du pouvoir. Plusieurs fonctions, notamment celles de Premier ministre et de président de transition, sont disputées par les mouvances politiques qui cherchent à se partager les postes au sein du gouvernement, du Congrès de transition (chambre basse du Parlement) et des autres organes. M.Rajoelina, venu avec une délégation fortement renforcée avec le Premier ministre Monja Roindefo, s'est déjà posé comme le futur patron de la période de transition. «On ne peut pas imaginer que ce soit quelqu'un d'autre» qui la dirige, a clairement prévenu mi-août l'ex-opposant, porté au pouvoir par l'armée et qui a forcé M. Ravalomanana à l'exil en mars. De son côté, l'ancien président Didier Ratsiraka s'est dit à Maputo «disponible» pour jouer un rôle durant la période de transition. Le temps laissé à chaque camp pour préparer ce deuxième round de négociations ne semble pas avoir fait évoluer les positions. «Seize jours après la fin du premier sommet, il y a eu peu ou pas d'échanges entre les délégations mais beaucoup de surenchères» entre elles, souligne une source proche de l'équipe de médiation, rappelant que l'accord prévoit une période de trente jours après sa signature pour mettre en place les institutions. L'armée, qui avait rejeté une clause de l'accord de transition, et des organisations de la société civile ayant signé samedi leur adhésion à la charte tentent également de faire pression, selon la même source. Face à de telles divergences, cette deuxième réunion, surnommée «Maputo II», s'annonce tendue. «Comme toutes négociations, ça ne se présente pas facilement», reconnaît le médiateur de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), Edem Kodjo. Mais ce dernier estime tout comme l'ex-président Albert Zafy que «le plus difficile est déjà fait». La question du retour de M.Ravalomanana, un des principaux obstacles à la transition, avait été finalement réglée lors de ce premier sommet. Le président évincé, qui vit en Afrique du Sud, avait accepté de ne retourner à Madagascar que lorsque la situation serait «favorable». Sa condamnation à quatre ans de prison pour l'achat controversé d'un avion présidentiel avait été levée et plusieurs de ses partisans ont été libérés dont Manandafy Rakotonirina, assigné à résidence pendant quatre mois et relâché hier. «C'est un point très positif dans les dispositions de Maputo», s'est réjoui hier dans la capitale mozambicaine ce candidat au poste de Premier ministre. Des avancées qui font dire au médiateur des Nations unies, Tiébélé Dramé, que «Maputo va permettre de faire des progrès».