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De la production audiovisuelle privée à l'ouverture du paysage audioviuel national ?

Mon propos n'est pas de faire dans l'exposé académique, qui aurait exigé, bien sûr, une recherche documentée, une enquête exhaustive, des recoupements, chiffres à l'appui, pour formuler une thèse ou une antithèse, mais de vous faire partager une expérience, échanger des interrogations, des points de vue et énoncer quelques propositions et initiatives sur le paysage audiovisuel national, dans cet espace de communication ouvert au débat professionnel par l'un des plus anciens quotidiens nationaux du secteur public que dirige un homme qui fût avec talent, un homme de radio et de télévision.
La production audiovisuelle privée prépare-t-elle à l'ouverture du champ audiovisuel ? Formulée autrement, est-elle un préalable à l'ouverture ? Y a-t-il un niveau de production audiovisuelle en dessous duquel toute ouverture serait une aventure ?
Tout d'abord, une observation : lorsque les pouvoirs publics, à travers des porte-parole autorisés ou autoproclamés parlent du paysage audiovisuel, c'est généralement pour dire, jusqu'au moment où je prononce ces mots, soit que le public algérien n'est pas suffisamment mûr pour l'ouverture audiovisuelle nationale, soit pour faire craindre le pire si cela venait à se produire, en raison de la fragilité de la société algérienne, selon une grille de lecture dont ils détiennent, seuls, la clé, soit pour réduire la problématique à l'ouverture de nouvelles chaînes publiques… en somme, si on devait emprunter malgré nous cette formule caricaturale, «l'ouverture dans la continuité de la fermeture».
Rares sont les cas, à ma connaissance, où une expertise ou une prospective a été sérieusement engagée à ce jour, pour savoir d'abord quels contenus donner à l'ouverture du paysage audiovisuel au regard des besoins et des exigences du public (des publics), au regard des enjeux et défis qui se posent à notre pays dans un environnement régional et mondial dont nous subissons, certains diraient, «l'arrosage» en termes d'images et de sons, et dans lequel nous apparaissons à travers une chaîne de télévision unique, même déclinée en cinq logos, qui prend avec l'âge presque le statut d'une «constante nationale», avec tout le respect que je dois à ceux qui œuvrent, au premier rang ou dans l'anonymat, à améliorer de l'intérieur ses contenus — car je n'émarge pas et de longue date au registre de ceux qui placent un écran noir sur les institutions du pays, quelles que soient les insuffisances — nous apparaissons, dis-je, comme un pays retardataire, un pays qui a peur de sa propre image.
Avant d'aller plus loin, laissez-moi vous rappeler tout d'abord brièvement les conditions dans lesquelles se sont créées les premières sociétés de production audiovisuelles privées, l'état des lieux aujourd'hui, le rapport au marché audiovisuel local, pour tout dire le rapport à la télévision algérienne, marché interne unique. Si les premières sociétés de production audiovisuelle privées, suivies au fil des ans par de nouvelles entreprises, se sont constituées, d'ailleurs, sans qu'un texte de loi spécifique en réglemente la création, autour de professionnels du secteur de la communication audiovisuelle, disons de la radio, de la télévision et de la presse filmée, dans un contexte qui a favorisé la naissance d'une presse écrite privée au moment où l'Algérie, après une douloureuse épreuve, s'engageait dans la voie du pluralisme politique et médiatique qui continue à ce jour de faire l'objet d'analyses et d'évaluations, il faut dire avec honnêteté intellectuelle que les pouvoirs publics avaient accompagné dans leur «décollage économique» leurs promoteurs, à travers la mise en place, notamment, de mécanismes de préachat de programmes par la télévision algérienne, sur la base d'un accord cadre, et par l'octroi de subventions symboliques, certes, mais motivantes, pour l'acquisition d'équipements de base, dans le cadre du fonds d'aide à la presse.
Dès que la période de préachat, qui s'apparentait à une cession définitive des droits de diffusion, avait cessé, les producteurs privés, ou du moins ceux qui tenaient encore la route, se sont trouvés confrontés à des questions de coûts des droits de diffusion dérisoires des programmes menaçant parfois leur existence.
Entre-temps est intervenue la dissolution des entreprises publiques de cinéma, de production, cinématographique et audiovisuelle, et de presse filmée avec la possibilité offerte également, là aussi, aux professionnels de ces entreprises qui en faisaient l'option de créer leurs propres sociétés en bénéficiant de mécanismes d'intéressement, à l'exemple de ce qui avait été imaginé pour la presse écrite et audiovisuelle. Ceci pour l'histoire. Il appartient, bien sûr, aux chercheurs de dire si tous les profils et toutes les conditions réglementaires, financières et techniques pouvaient conduire, d'un côté comme de l'autre, à ce moment-là, à l'émergence de nouveaux métiers de l'audiovisuel et du cinéma, notamment le métier de producteur, et préparer non seulement une réponse quantitative et qualitative aux besoins en programmes de la télévision algérienne pour ne pas parler ici du cinéma, mais aussi rassurer sur le bien-fondé de l'ouverture audiovisuelle à laquelle toutes les parties appelaient déjà.
Toutes proportions gardées, juste un clin d'œil à ceux qui considèrent qu'il faut disposer préalablement d'un corps de producteurs et des profils techniques et artistiques en nombre, nonobstant toutes les autres conditions réglementaires et financières pour prétendre à l'ouverture du paysage audiovisuel, on peut répondre, au pied levé, que le développement de la presse écrite privée n'a pas attendu l'apparition de managers clés en main, de patrons d'entreprises, qui se sont constitués et formés au fur et à mesure dans l'exercice quotidien de leurs fonctions, souvent dans l'épreuve et le risque, pour une grande partie d'entre eux.
Maintenant, sans idéaliser le rôle des sociétés de production audiovisuelle privées qui se sont développées dans la difficulté et au contact du terrain, cultivant globalement une relation commerciale animée d'un sens du partenariat, posons la question à la télévision algérienne qui a joué, malgré tous les reproches que l'on peut lui faire, le rôle d'«observatoire» ces dernières années, et nous saurons, jugements de valeur mis à part, que tous les feuilletons, depuis ces dix dernières années, ont été réalisés en production exécutive par des producteurs privés, que toutes les émissions de divertissement et de jeux, et qu'une grande partie de la programmation en films documentaires portent la signature de partenaires algériens privés, ce qui constitue un acquis considérable et une source d'espérance.
Bien sûr, il faut avoir la franchise de reconnaître qu'il y a beaucoup de choses à dire d'un côté comme de l'autre, et si des progrès, qui s'inspirent largement d'ailleurs des propositions de la communauté des producteurs, sont observés dans l'organisation des relations de la télévision avec ses partenaires privés algériens qui disposent dans leur grande majorité d'infrastructures fixes et mobiles dans les technologies les plus avancées, qui sont installées dans les grands centres urbains du pays, l'exigence de transparence, de consultation périodique, d'éthique et d'intégrité demeure encore posée à certains niveaux du processus de négociation et de fabrication du produit audiovisuel, et si on invite, à juste titre, les producteurs privés à faire dans la qualité, la première qualité partagée reste l'équité et l'incorruptibilité dans le sens le plus large du terme.
Au-delà de la télévision algérienne dans sa configuration actuelle et éclatée en canaux satellitaires et de l'expérience qui s'attache à ses relations avec ses partenaires algériens privés dont ce n'est pas le cas d'en débattre dans le détail ici, au-delà des chaînes thématiques à la création desquelles a appelé le président de la République dans son dernier message à la nation et qui participent à mon sens d'une avancée significative par rapport à ce qui était considéré comme une position dogmatique immuable, l'ouverture du paysage audiovisuel, d'abord au capital national privé, et ses effets attendus sur la promotion de la production audiovisuelle nationale publique et privée en termes de quantité et de qualité, est non seulement incontournable en elle-même, y compris dans la bouche même du premier responsable de l'ancien parti unique, aujourd'hui parti majoritaire dans les instances élues, mais bien plus, répare un retard stratégique dans la construction d'une société démocratique et dans le rayonnement, dans la diversité et l'unité, de l'image de notre pays dans le monde.
Il est pour le moins frustrant pour un Algérien qui vit sur un territoire de plus de deux millions de kilomètres carrés, dans un pays à la civilisation plusieurs fois millénaire, qui a su garder son identité malgré tous les séismes de l'histoire, qui a arraché hautement sa liberté et sa dignité, qui a su vaincre par son patriotisme, sa cohésion les forces de l'obscurantisme et la tragédie qui lui a été imposée ces dernières années ; il est pour le moins frustrant pour un Algérien entouré, à l'est, à l'ouest, au sud et au nord, par des pays qui n'ont ni sa géographie, ni son histoire, ni sa force, ni ses moyens, mais qui disposent, quant à eux, de chaînes de radio et de télévision privées utilisées dans certains cas comme armes de manipulation et de pénétration, de ne pas pouvoir façonner sa propre image et son propre regard sur le monde.
Si la question qui se pose est de savoir si la production audiovisuelle privée peut aujourd'hui répondre, sous des formes contractuelles diverses (droits de diffusion, de rediffusion, cession temporaire de droits, cession définitive, production exécutive, coproduction, participation…), à la demande en programmes de nouvelles chaînes privées, je crois personnellement que ce serait réduire la production audiovisuelle uniquement à sa seule architecture technique que d'affirmer le contraire, car la libéralisation du paysage audiovisuel, qui ne signifie nullement l'effacement du secteur public, mais bien au contraire, le mettra dans l'obligation sans délai d'être plus performant, va entraîner l'émergence de tous les talents dormants dans toutes les disciplines culturelles et artistiques. Du reste lorsqu'on sait le nombre d'universitaires de la filière communication audiovisuelle qui sont sans emploi, de diplômés de l'Institut de formation aux techniques audiovisuelles de Ouled Fayet qui ne trouvent pas de débouchés, d'étudiants de l'ISMAS dans les métiers du cinéma et de l'audiovisuel qui vont arriver en nombre sur le marché du travail, on devrait considérer que l'ouverture de l'audiovisuel participe également du développement économique du pays et de la résorption du chômage.
La libéralisation du paysage audiovisuel national, si elle participe, c'est vrai, de la formation d'une opinion publique algérienne libérée de l'emprise parabolaire, une opinion publique ancrée dans des valeurs partagées et ouverte avec un esprit critique sur le monde, et contribue dans le professionnalisme et la crédibilité à la défense de l'image intérieure et extérieure de notre pays, ne sera pas sans influence de notre point de vue sur le champ de la presse écrite publique et privée, en ce sens qu'au-delà du challenge attendu, la restructuration des ressources publicitaires se posera dans des termes concurrentiels assez durs qui ne seront pas sans effets sur certains titres.
Sur un autre plan, qui a dit que l'ouverture du champ audiovisuel ouvrirait la voie à l'informel politique, économique ou culturel pour emprunter l'expression à un brillant esprit intellectuel ?
Le premier magistrat du pays, qui vient d'annoncer solennellement un ensemble de réformes qui continuent d'alimenter de nombreuses analyses et contributions de presse, parmi lesquelles la création d'un bouquet de chaînes thématiques, peut-il aller plus loin et décider préalablement de la mise en place d'une «commission nationale de réforme de l'audiovisuel» qui serait constituée d'experts, de personnalités culturelles et artistiques et de gens du métier, en vue de produire des propositions à même de construire le nouveau paysage audiovisuel national sur des bases consensuelles et modernes ?
Parmi les propositions auxquelles pourrait aboutir toute commission nationale de réforme indépendante, on peut s'attendre, dans une première étape, à la promulgation d'une loi sur l'audiovisuel, avec à la clé l'exclusion du champ audiovisuel privé de toute chaîne à caractère religieux, de toute chaîne régionale, partisane, étrangère ou associée minoritairement au capital étranger. L'encouragement à la création de chaînes d'information continue à capitaux nationaux mixtes, la constitution d'une haute autorité de régulation de laquelle relèverait également le fonctionnement des télévisions publiques et les ressources publicitaires, la mise en place par voie élective d'un conseil d'éthique et de déontologie. Dans le prolongement de ce qui nous réunit aujourd'hui et des enrichissements des uns et des autres, je me propose, en ma qualité de membre de la communauté des producteurs audiovisuels, d'élaborer une initiative dans ce sens que je proposerai à mes confrères et amis, sans exclusion bien sûr des acteurs de la création et de la production culturelle, avant de la faire porter au premier magistrat du pays, car je suis de ceux, et ils sont nombreux, qui persistent et signent que c'est bien dans l'ouverture du paysage audiovisuel, l'âme de toutes les réformes, que se joue au sens le plus noble du terme, le renouveau de l'Algérie.
Première révolution populaire arabe ayant combattu et abattu un colonialisme vieux de plus de cent trente ans équipé et armé par la quatrième puissance mondiale, l'Algérie des premiers combats pour la liberté et la dignité dans le monde arabe, l'Algérie du pluralisme politique et médiatique, ne saurait être confondue avec les retardataires de l'histoire, même si elle sait que sa marche commencée il y a plus d'un demi-siècle, souvent dans la solitude, est toujours en mouvement, malgré les hésitations du moment, vers plus de conquêtes. L'ouverture de l'audiovisuel participe assurément de celles-ci.


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