« Les quelques bouts d'artères pavées de la capitale qui résistent tant bien que mal ne seront plus qu'un vague souvenir si les autorités n'interviennent pas immédiatement pour arrêter le massacre. » Ce cri émane des commerçants de la rampe Magenta qui relie le boulevard Zirout Youcef à la gare centrale. La détresse des riverains est, par ailleurs, partagée par de nombreux citoyens depuis la pose sur les lieux d'un chantier par l'Algérienne des eaux. Les travaux, confiés à une entreprise privée, consistent à brancher un des locaux en eau potable. Une opération d'ailleurs décriée par les gérants des autres locaux. « Nous ne comprenons pas pourquoi l'ADE, a lancé un tel chantier pour un seul commerçant, alors que nous sommes 24 à ne pas avoir d'eau depuis 4 ans », s'interroge M. Zidane, propriétaire d'une voute sise au 33 rampe Magenta. « Tous les commerçants ont déposé des demandes d'adduction, croyant qu'une fois la voie pavée défoncée, l'ADE aurait l'intelligence de poser une fois pour toutes, une conduite assez grande », s'écrient les occupants des « voutes ». Ces derniers n'omettent pas de rappeler que par le passé, ils étaient reliés à une conduite principale dont les points de prise d'eau, avec leurs compteurs, sont situés sous le square Port Saïd. Une galerie qui permet toute sorte d'intervention et de maintenance. « Pour des raisons que nous ignorons, cette conduite a été supprimée il y a 4 ans », tiennent-ils à noter. Toujours est-il que le problème majeur demeure le « massacre » que subit cette voie pavée qui existe depuis la fin du XIXe siècle. Une « destruction d'un patrimoine », soupire M. Zidane, qui considère que le sous-traitant de l'opérateur public, en ayant recour à la solution facile, ne semble pas qualifié pour ce type d'intervention. « Ayant littéralement déraciné des pans entiers de ces belles pierres taillées, l'entreprise aurait dû creuser au niveau du trottoir qui longe la rampe Magenta. Ainsi le pavage aurait été sauvé et on aurait évité ces monticules de pavés qui trônent sur les bas-côtés de cette historique artère », déplorent les riverains. Autre grief exprimé, « le vol de ces pierres qui s'opère au vu et au su de tout le monde », accusent encore nos interlocuteurs, en soulignant que les gens qui viennent « s'approvisionner » ont recours à ce type de « matériau » dans les constructions de maisons individuelles. Contactée, l'ADE tient à rassurer que le site sera remis à son état initial. « L'entreprise sous-traitante est responsable du chantier. Elle se doit de remettre le pavage tel qu'il était avant », nous déclare M. Touazi, responsable à l'ADE d'Alger. Il convient de signaler que nombre d'artères de grandes capitales européennes n'ont pas changé d'un iota depuis des siècles. Toujours avec des pavés, elles ont un rendement meilleur que si elles étaient couvertes de bitume. « Outre son côté esthétique, le pavé scelle mieux la surface et protège la fondation de la route. Les surfaces sont plus durables et assurent la mobilité de tout véhicule, motorisé ou non, toute l'année », relève un expert en ponts et chaussées.