La zetla, ce vocable bien de chez nous, est en train de faire des ravages au sein de la population juvénile. Faute de travail et l'oisiveté aidant, les jeunes sont la proie de différents types de drogues qu'alimentent les gros barons à travers leur relais de dealers qui circulent sur le terrain, obligeant les mateurs à détourner le regard. Cannabis, kif, amphétamines sont des substances qui meublent, depuis belle lurette, l'espace de nos cités de plus en plus vulnérables. La « kemia » ou « el robra », comme on dit dans le jargon des quartiers populeux, fait rage devant des parents démissionnaires et une autorité publique pusillanime qui se préoccupe davantage de rejeter la responsabilité sur l'autre. Aussi bien dans les endroits huppés que dans les lieux populeux, le « joint » est un secret de Polichinelle, certes, mais la situation devient davantage alarmante et le constat est plus accablant lorsqu'on croise des jeunots, lycéens de surcroît, se shooter au vu et au su de tout le monde, comme s'ils s'adonnaient à une franche lippée entre copains. Quant aux jeunes chômeurs, ils ne se donnent plus la peine de se mettre à l'abri des regards indiscrets. Il n'y a plus lieu de se mettre dans l'étroitesse des venelles pour « voyager » dans le temps, l'espace que dure l'inertie... A la nuit tombante, le quidam qui dévale le dédale de la vieille cité, La Casbah, aura sa part d'effluves qui s'échappent des volutes de haschisch. Les odeurs ont remplacé celles du jasmin et du basilic qui fleuraient bon. Chaque quartier a ses dealers attitrés et les jeunes sont de plus en plus nombreux à émarger aux « délices » de la zetla et autre Diazepan. On serait tenté de croire, selon des riverains, que la discrétion observée par l'autorité publique n'est pas irréfléchie. Des interrogations sont dès lors suscitées, par-ci par-là, sur les dealers qui, une fois pris en flagrant délit sont aussitôt relâchés. « Cela dénote du manque d'efficacité des autorités à lutter contre ce fléau ravageur », renchérit un vieux qui habite la rue N'fissa. « Tout le monde le sait, mais très peu de gens réagissent à ce danger qui gangrène une frange de la société de plus en plus importante, notamment les ados, dont nombre d'entre eux deviennent une cible facile », lance à notre endroit un septuagénaire qui tente tant bien que mal de soustraire les jeunes de son quartier de ce mal. Ce mal qui, faut-il souligner, appelle d'autres délits, comme les agressions lorsque les drogués se trouvent en état de manque. Outre les cours, les courettes et les rampes d'immeubles, les jardins publics ne sont plus épargnés. Bhirat Marengo ou le jardin ex-Guillemin sont devenus des réceptacles où les transactions se font le jour comme le soir entre revendeurs, qui ramassent gros et des consommateurs qui y viennent s'approvisionner. Ceux qui n'ont pas assez de tune, sont sous l'emprise d'une autre source d'évasion et de « rêverie » : là, on se shoote à la colle. Le visage buriné, l'air égaré et essoufflé, la démarche dégingandée, le corps avachi, on voit ces jeunes errer aux abords d'une gare, tapis dans un taudis ou affalés de tout leurs corps à l'entrée d'un immeuble ou sous les arcades des boulevards Che Guevara, Zighout Youcef, Bab Azzoun ou Abane Ramdane… Une manière de noyer leur malaise ou de différer leur cri de détresse. C'est selon