Mis à part la maison de la culture de Mila, point de chute de croustillants et réguliers programmes artistiques, surtout à l'occasion du mois dujeûne, les autres localités de la wilaya sont plongées, à longueur d'année, dans une ambiance de spleen baudelairien. Dire de ces dizaines d'agglomérations, au sud comme au nord de la wilaya, qu'elles comptent pour du beurre comparativement aux plantureux programmes culturels distillés au public milévien, peut sonner comme un euphémisme tant la monotonie et l'indigence des activités artistiques sont prégnantes et quasi totales dans ces régions. Une fois de plus, la programmation à sens unique d'une palette de représentations culturelles de bonne facture au profit exclusif des habitants du chef-lieu de wilaya, tout au long de ces soirées ramadhanesques, est remise au goût du jour et se vérifie pour la énième fois. Tant mieux, doit-on concéder, si de somptueuses affiches artistiques : musique andalouse, théâtrales et veillées animées par les chantres du chant chaâbi, sont annoncées en faveur des familles mileviennes et des habitués de la prestigieuse maison de la culture, mais il aurait été plus équitable et mieux gratifiant que ces spectacles divertissants soient harmonieusement généralisés dans les autres villes et localités. Et ce n'est certainement pas les structures et les installations accueillant ce genre de manifestations qui font défaut. Car, pour peu que l'on daigne accorder ses violons, les infrastructures de base, à l'exemple des maisons de jeunes, ou encore des auberges de jeunes réceptionnées ici et là, sont aptes à servir de cadre approprié au déroulement de manifestations artistiques, et partant, en faire bénéficier sans exclusive de larges pans de spectateurs résidant hors la capitale de la wilaya. En clair, les activités de loisirs et de divertissements gagneraient plus à être transposées vers les localités qui ont en été jusque-là « royalement ignorées ». Il reste à espérer que les secteurs organisateurs et initiateurs de spectacles culturels revoient leur copie dans le sens de l'élaboration d'une programmation rationnelle et équilibrée. Une programmation qui tienne compte des affres de l'exclusion et de la marginalisation en matière de créneaux artistiques que subissent de plein fouet de milliers de citoyens lambda excentrés dans la campagne et dans les bourgades enclavées.