Les trois premières soirées du Festival de la chanson oranaise, durant lesquelles se sont succédés une vingtaine de jeunes chanteurs et pas plus de deux professionnels, n'ont démontré aucun signe d'un festival où doivent se découvrir les dernières productions qu'a connues la scène artistique oranaise. La manifestation qui ressemble beaucoup plus à un radio-crochet qu' à un festival n'a pas drainé grand monde. Les rares familles et les dizaines de jeunes venus apprécier la chanson oranaise sont restées sur leur faim. La lassitude et l'ennui régnaient aussi bien chez le public que sur la scène où la vingtaine de musiciens dirigés par Bey Bekkey montraient des signes de fatigue vers la neuvième ou dixième chanson qu'ils exécutaient sans interruption car aucun moment de répit n'etait accordé à ces musiciens dont la plupart sont des anciens éléments faisant partie des orchestres de Blaoui El Houari ou du regretté Ahmed Wahbi. A l'image de Serrour (violon), Rahou Boutelelis (qânoun) Mokhtar (nai) etc…Durant la première soirée la bouteille d'eau minérale valait son pesant d'or dans les coulisses et le café pouvait se troquer avec des sommes inimaginables avons-nous constaté. Aucun des nombreux organisateurs qui déambulaient autour et derrière la scène n'a pu expliquer ce manque d'approvisionnement qui ne doit en aucun cas exister dans ce genre de manifestation. Celle-ci a coûté un milliard trois cent millions de centimes, précise-t- on. Cette lacune a été réparée lors de la soirée d'hier par la distribution d'une bouteille d'eau minérale pour chaque musicien qui la gardait précieusement sous sa chaise de scène. « Cela est insuffisant car on transpire plus qu'on boit », a rétorqué ironiquement un de ces éléments. Il disait vrai, puisque le manque d'autres attractions qui vont de pair avec la musique et la culture oranaises a pesé lourdement sur le déroulement de la manifestation qui est devenue, déjà au troisième jour, très lassante de par la succession effrénée de chansons que « akala dahrou alayha oua charib ». Selon la commissaire de ce festival, ce dernier devait se tenir dans la salle de cinéma « Es Saâda » relookée pour la circonstance, mais à quarante-huit heures de son ouverture il a été décidé de le délocaliser vers le théâtre de verdure Charkroun Hasni. Ce qui n'était pas mal. Mais là où le bât blesse c'est que les dizaines de milliers d'affiches sur lesquelles étaient imprimés la date et le lieu de l'événement ont toutes été détruites puisqu'elles ne valaient pas grand-chose. « C'est à mon retour de congé que j'ai découvert ce changement », avait elle indiqué dans son point de presse tenu l'avant-veille de cette manifestation musicale appelée festival.