Pour la troisième soirée, la salle du Théâtre régional de Annaba n'a pas désempli. Ils sont vieux, jeunes et moins jeunes, des deux sexes, à venir de toutes les communes de la wilaya pour suivre le riche programme qu'offre la 2e édition du Festival national de la chanson et de la musique citadine. Ce samedi, l'ambiance était à son comble. Et comment ne peut-elle pas l'être lorsque l'association El Djenadia de Boufarik a ouvert la soirée ? Elle a été suivie de la grande diva algéroise Dalila Naïm avec sa voix mélodieuse. Mais, vraisemblablement, c'est Didine Karoum qui a tenu en haleine toute l'assistance. Une assistance qui, durant toute la soirée, a chanté et dansé au rythme des chansonnettes chaâbi. L'élégance du chanteur dans l'art et la manière était perceptible, lorsqu'il a interprété Yamna, Ya Taleb, Rayha Ouin. Et pour finir en apothéose, l'artiste, l'enfant terrible d'El Kouba, n'était pas avare vis-à-vis de son public. En interprétant Alabali wa alabalha, il a fait vibrer les murs du TRA, une des plus belles scènes de l'Afrique. En organisant ce festival qui se déroule depuis le 20 et qui durera jusqu'au 28 septembre, Drisse Boudiba, directeur de la culture de la wilaya, a réussi à secouer la ville de sa torpeur générée par un chaud Ramadhan. Cette réussite a été consolidée par l'arrivée successive de grands noms de la chanson et de musique citadine. Ce sont les organisateurs qui ont imposé des participations dont le statut professionnel et le parcours reconnu sont une condition sine qua non. Ainsi, ont été accueillis Naïma El Djazaïria, Abdelkader Chaou, Didine Karoum, Ahmed Aouabdia, Guettaf Abdallah, Abdelkader Cherchem, Nadia Benyoucef, Aziwez Raïs et Dib Layachi. Il y avait également six associations artistiques : les Amis de Larbi Ben Sari, Errachidia pour la musique andalouse (Mascara), El Djenadia (Boufarik), El Moutrabia (Blida) et l'Association des élèves de Hassan El Annabi, qui forment le groupe de choc de ce festival. Les musiciens et les chanteurs de renommée sont nombreux dans ce festival. Ils sont venus des quatre coins du pays, de Tlemcen, Mascara, Oran, Tipaza, Blida, Alger, Boufarik, Constantine, Skikda, Cherchell, Tizi Ouzou et, pour la première fois, Jijel. Leur participation témoigne d'une évolution dans l'esprit et la culture nationale. Tant et si bien que seules les premières marches du podium dans les différentes autres manifestations culturelles peuvent prétendre y prendre part. Il faut dire, que depuis des années, l'art lyrique algérien a perdu de sa splendeur. Cette manifestation servira donc de tremplin pour renouer le contact avec les mélomanes et reprendre les couleurs d'antan. Comme premier résultat, la manifestation a gagné la cote ce samedi à Annaba. C'est en tous les cas l'impression qui se dégage aux abords du somptueux Théâtre régional qui abrite les soirées du festival. De jeunes musiciens et chanteurs participeront à la manifestation pour, comme des hirondelles, annoncer le printemps de la musique citadine algérienne. Ces jeunes, déjà présents à Annaba, parlent du style pondéré des instruments et des paroles libérateurs du sceau folklorique. Selon eux, ce dernier imprégnait, ces dernières années, la production des artistes à chaque manifestation publique. Cette journée lyrique d'un chaud Ramadhan 2007 confirmera la valeur du test lancé en 2006. Il est sans conteste positif. Le nombre de productions lyriques programmées durant toute la durée du festival est important. Drisse Boudiba, commissaire national de la musique citadine, innove. Malgré le Ramadhan et la chaleur du climat en ces journées automnales, les grands noms de l'art lyrique n'ont pas fait faux bond. Ils ont joué et, et pour d'autres, vont jouer et chanter la musique et la chanson andalouse, le malouf et le chaâbi. Neuf soirées pour une musique et des chansons citadines doivent servir aux organisateurs pour relever le défi qu'ils ont lancé. La panoplie d'artistes peut réserver des surprises, surtout du côté de la jeunesse, qui se succédera sur les planches au rythme des notes des groupes musicaux. Quoi qu'il advienne, ce festival est, à coup sûr, fêté comme il se doit par le public de Annaba et des régions limitrophes. Ils sont venus pour faire jouir leur ouïe par les notes et les décibels qu'égrènent et les instruments musicaux et les voix des artistes. Le début de ce renouveau est dû à la volonté de Drisse Boudiba, il y est pour beaucoup dans l'officialisation de deux festivals sur les 14 autres nationaux, du théâtre professionnel et celui de la musique et de la chanson citadine. Ces deux festivals sont parmi les plus importants en Algérie. Présent dans les coulisses du festival, il nous livre ses impressions : « C'est un festival organisé avec un esprit d'équité ; nous avons jugé utile de rénover à 95% la composante d'artistes qui a participé à la première édition du festival. C'est pour faire participer tous les artistes nationaux, et que chacun ait la chance de prendre part à cet important festival dont l'objectif consiste à régénérer la musique et la chanson andalouses, le malouf et le chaâbi, la chanson citadine. »