Après plus de quatre mois de conflit en Libye, Mouammar El Gueddafi, qui se dit lui-même «dos au mur», n'est pourtant pas prêt à quitter le navire, malgré l'isolement, les sanctions et l'intervention de la coalition internationale. Dans un message diffusé, mercredi soir, par la télévision libyenne, il a déclaré qu'il ne «craignait pas la mort», ajoutant que «la bataille contre l'Occident croisé se poursuivra jusque dans l'au-delà». Alors que ses jours semblent comptés, le dirigeant libyen a tout de même pris le temps de planifier la construction du monument «le plus haut en Afrique du Nord», en hommage à la petite fille d'un de ses vieux compagnons de route et homme politique influent, Khouildi Hmidi, tuée lors d'un raid aérien, lundi dernier, avec 14 autres membres de sa famille. Le chef libyen a par ailleurs exhorté l'ONU à mener une enquête afin de déterminer si le site bombardé était de nature civile ou militaire. L'Italie jette un pavé dans la mare Suite aux différentes «bavures» de la coalition internationale, l'Italie a fait des vagues au sein des chancelleries occidentales, dénonçant les raids contre les civils ainsi que l'enlisement du confit, qui a fait des milliers de morts depuis le 15 février dernier. Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a déclaré que «la suspension des actions armées est fondamentale pour permettre une aide immédiate» en Libye, suite à des «erreurs dramatiques» qui ont touché des civils. Une proposition immédiatement rejetée par la France, suivie par le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, qui a assuré que les opérations allaient continuer afin d'éviter que «d'innombrables civils supplémentaires perdent la vie», ajoutant que la «règle essentielle de l'OTAN» était la solidarité. Les membres de la coalition occidentale craignent un possible réarmement du régime libyen en cas de cessation des opérations militaires, même de façon temporaire. Nouvelle phase, nouvelles victimes Suite à ces joutes diplomatiques, pour le moment sans incidence concrète, le Conseil national de transition libyen (CNT) a, quant à lui, affirmé qu'il se «battra jusqu'au bout pour la victoire», avec ou sans l'aide de l'OTAN. Et c'est dans ce contexte de remise en cause de l'intervention au sein des pays de la coalition que la Chine a reconnu le CNT il y a deux jours. Alors que les diplomaties s'interrogent sur le bien-fondé de la poursuite des raids aériens, les opérations de l'OTAN semblent entrer dans une nouvelle phase. Les bombardements, de plus en plus intenses et élargis, visent actuellement de nombreux points de contrôle érigés sur les routes menant à Tripoli, ainsi que les véhicules militaires légers. De plus en plus d'infrastructures, abritant des civils, sont touchées. Ainsi, l'intervention de l'Alliance en Libye n'est vraisemblablement pas en passe de s'arrêter, la liste des victimes de cette catastrophe humanitaire s'allonge. Hier, un navire est arrivé en Tunisie transportant 38 exilés libyens, parmi lesquels des officiers fuyant les combats. Le même jour, deux embarcations de fortune ont accosté sur les côtes des îles siciliennes de Lampedusa et Conigli, avec à leur bord 867 réfugiés, selon les autorités italiennes. Et les pays du pourtour méditerranéen n'ont pas fini d'être submergés par ces exodes massifs de réfugiés libyens.