Après une série de bavures qui a entaché la campagne «Protecteur unifié», le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a estimé que «la suspension des actions armées est fondamentale pour permettre une aide immédiate» dans le pays en proie à un conflit depuis plus de quatre mois. Une proposition aussitôt rejetée par la France, estimant qu'une pause, même à des fins humanitaires, risquerait de permettre au leader contesté Mouammar El Gueddafi «de gagner du temps et de se réorganiser». A Bruxelles, le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, s'est voulu clair : l'OTAN va «continuer» ses opérations pour éviter que «d'innombrables civils supplémentaires perdent la vie». Pays abritant le quartier général de l'opération et des bases aériennes d'où décollent les bombardiers alliés, l'Italie a jeté un pavé dans la mare en dénonçant les raids contre les civils et l'enlisement du conflit. Un arrêt immédiat des hostilités «permettrait d'éviter ce que le CNT (Conseil national de transition, instance dirigeante de la rébellion) craint, à savoir une consolidation de la partition en deux de la Libye», a dit M. Frattini, à la veille d'un Conseil européen à Bruxelles. Le coup de frein de Rome Se référant aux opérations de l'OTAN, M. Frattini a également réclamé «des informations détaillées» et préconisé des «consignes claires et précises», après les erreurs «dramatiques» qui ont conduit à toucher des civils. «Ce n'est clairement pas la mission de l'OTAN», a-t-il ajouté. De son côté, le secrétaire général sortant de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui a soutenu le lancement des frappes aériennes en Libye, a fait part de ses «scrupules» après les pertes civiles. L'alliance atlantique a reconnu avoir tué par erreur neuf civils lors d'une frappe nocturne à Tripoli dimanche. Le 16 juin, l'OTAN avait également frappé accidentellement une colonne de véhicules rebelles dans la région de Brega. Mais l'alliance a insisté sur le fait qu'un raid aérien mené lundi à Sorman, à l'ouest de Tripoli et qui a fait, selon les autorités libyennes, 15 morts, dont trois enfants, avait frappé une «cible militaire légitime».