L'Italie (le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini) fausse note dans l'unanimisme européen L'Italie a ouvert la voie à une sérieuse division au sein des Européens en demandant un cessez-le feu en Libye. L´Italie a réclamé hier une cessation des hostilités en Libye pour l´instauration de couloirs humanitaires alors que l´Otan poursuit ses frappes contre les forces du régime de Mouamar El Gueddafi malgré les critiques après des raids ayant fait des pertes civiles. L´Italie a ouvert la voie à une sérieuse division au sein des Européens en demandant un cessez-le feu en Libye. La France a répondu tout de suite, affirmant qu´elle était opposée à «toute pause dans les opérations», estimant que cela «risquerait de permettre à Mouamar El Gueddafi de gagner du temps et de se réorganiser». «La priorité» est un cessez-le-feu en Libye, mais en attendant, «la suspension des actions armées est fondamentale pour permettre une aide immédiate», avait déclaré plus tôt le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, à la veille d´un Conseil européen à Bruxelles. Selon M. Frattini qui s´exprimait devant la commission des Affaires étrangères et celle des politiques européennes, un arrêt immédiat des hostilités «permettrait d´éviter ce que le CNT (Conseil national de transition, instance dirigeante de la rébellion, ndlr) craint, à savoir une consolidation de la partition en deux de la Libye», a-t-il poursuivi. Se référant aux opérations de l´Otan, M. Frattini a également réclamé «des informations détaillées» et préconisé des «consignes claires et précises», après les erreurs «dramatiques» qui ont conduit à toucher des civils. «Ce n´est clairement pas la mission de l´Otan», a ajouté le chef de la diplomatie italienne. L´Alliance atlantique a reconnu avoir tué par erreur des civils lors d´une frappe nocturne à Tripoli dimanche, dans laquelle neuf personnes, dont cinq membres d´une même famille, sont mortes. Le 16 juin, l´Otan avait également frappé accidentellement une colonne de véhicules rebelles dans la région de Brega. Mais l´Alliance a insisté sur le fait qu´un raid aérien mené lundi à Sorman, à l´ouest de Tripoli et qui a fait selon les autorités libyennes 15 morts, dont trois enfants, avait frappé une «cible militaire légitime». Ce raid a visé une résidence de Khouildi Hmidi, un vieux compagnon de route du colonel El Gueddafi. Malgré les critiques, l´Otan semble entrer dans une nouvelle étape dans ses opérations en Libye, en visant notamment les points de contrôle érigés sur les routes menant à Tripoli et les véhicules militaires légers équipées de canons anti-aériens ou de lance-roquettes. Il a ainsi visé mardi soir deux check-points aux alentours de Khoms, à 120 km à l´est de Tripoli, selon la télévision libyenne qui a qualifié les cibles visées de «civils». Dans son rapport quotidien, l´Otan a indiqué avoir visé mardi plusieurs véhicules militaires aux environs de Nalout et Zenten, dans la région montagneuse d´Al-Jabal Al-Gharbi, au sud-ouest de Tripoli, théâtre depuis plusieurs semaines de violents affrontements entre rebelles et forces loyalistes. L´Alliance a indiqué aussi avoir visé d´autres cibles aux environs de Zliten à 40 km à l´ouest de la ville rebelle de Misrata, où il a essuyé mardi sa première perte en Libye, un hélicoptère drone américain. Au niveau diplomatique, la rébellion a enregistré un nouveau succès hier après que la Chine ait reconnu le CNT comme «interlocuteur important», mettant fin à sa politique de non ingérence dans ce conflit, trois semaines après ses premiers contacts avec la rébellion. Le CNT a été reconnu comme «représentant légitime» du peuple libyen par une quinzaine de pays.