Les petites annonces dans les journaux fournissent un aperçu sur la moyenne des tarifs de location pratiqués actuellement. Des exemples pris au hasard, en ce qui concerne Alger, indiquent comme suit : un F4 à Hydra pour 35 000 DA, un F3 à Baba Hassen pour 18 000 DA, un F2 à Belcourt pour 25 000 DA et un F1 à Télemly pour 20 000 DA. Des tarifs qui ne rendent pas compte de la réalité des pratiques admises dans ce domaine. Car, pour le même type de logement, les prix peuvent être majorés sans limites. Pour cela, il suffit de consulter les offres des agences immobilières ou celles des particuliers aux particuliers. « On parle souvent de la possibilité de négocier le prix, mais, de plus en plus, les propriétaires nous informent que l'offre est au prix ferme », relève le responsable de l'agence immobilière Sidi L'kheyar, à Bordj El Kiffan. Une fois le contact pris, s'engage alors la visite de l'appartement proposé à la location. Cela peut prendre des jours, voire des semaines, surtout quand les clés ne sont pas déposées auprès du responsable de l'agence immobilière. Dans certains cas, c'est le propriétaire qui n'est pas au rendez-vous et, dans d'autres, c'est l'intéressé lui-même qui ne peut se rendre sur les lieux. La rencontre n'aboutit pas toujours à un accord, fusse-t-il formel. Car l'un ou l'autre peut avoir des raisons (subjectives ou objectives) pour ne pas accepter la conclusion de l'accord. « Parfois, le propriétaire a des préjugés sur la moralité du client ou des réserves sur le comportement des enfants de ce dernier, alors que l'intéressé peut trouver que l'habitation présente certains inconvénients comme l'absence d'une salle de bains », explique le responsable de l'agence Manar. Le fameux « 13e mois » Dès qu'il y a accord entre le propriétaire et le client, la transaction peut être conclue. Cela se passe souvent par un acte notarié. Ce sera alors une autre charge pour le locataire. « Mais il y a des astuces pour ne pas payer trop cher les frais de notariat », note un notaire habitué aux transactions immobilières. Par exemple, pour une location de 10 000 ou 12 000 DA, les contractants se feront conseiller de signer un acte portant sur une déclaration de 2000 DA/ le mois comme prix de la location. Pour cet exemple, au lieu de supporter des frais de l'ordre de 10 000 DA, il aura à débourser uniquement une somme de 3600 DA pour un bail de location d'une année. Mais le client n'est pas encore au bout de ses peines, car il devra encore payer ce qui est appelé communément « le 13e mois » à l'agence immobilière. Celle-ci prendra, cependant, le soin de lui faire signer une fiche d'engagement ainsi qu'au propriétaire. Ce dernier est censé également verser un 13e mois à l'agence. Mais il arrive que « malgré la fiche d'engagement dûment signée, le client ou le propriétaire se dérobe afin de ne pas payer la commission », soutient le responsable de l'agence immobilière Feriel à Bab Ezzouar. Quel est alors le recours ? Les responsables des agences immobilières, du moins ceux que nous avons approchés, sont unanimes à affirmer qu'il n'y a aucun recours et surtout pas devant la justice. Or certains clients déclarent que, dans bien des cas, l'appartement proposé présente des inconvénients qui n'apparaissent pas au premier coup d'œil, mais bien plus tard. « La pression psychologique est telle que souvent, on ne se soucie pas des détails qui pourtant ont leur importance dans une habitation », confie un citoyen qui, depuis dix ans, change de location. Un avis amplement partagé par l'Agence de promotion des transactions immobilières commerciales (APTIC), à Didouche Mourad. Affiliée à l'Union nationale des agences immobilières (UNAI), cette agence juge que « chacun a sa propre méthode de travail, mais il faudrait veiller, en toute circonstance, à offrir une habitation valide et décente au client ». Or, poursuit-elle, « des agences fleurissent un peu partout et, pour un certain nombre d'entre elles, respecter la réglementation et les pratiques reconnues dans ce domaine est le dernier de leur souci ». D'où un appel en direction des pouvoirs publics pour « assainir la situation et mettre chacun devant ses responsabilités ». Cela est d'autant plus vrai que les agences immobilières contribuent à jouer un rôle important dans la résorption de la crise de logement. Le phénomène des « niveaux de villa » Aux offres d'appartements, se greffe de plus en plus une autre catégorie d'habitation. Il s'agit de la formule « niveau de villa » que des propriétaires proposent à la location. Soit directement, soit par le biais des courtiers et des agences immobilières. Si certains niveaux de villa offrent un réel confort aux éventuels occupants des lieux, d'autres, en revanche, ressemblent à de vrais taudis. Ceux-ci, construits n'importe comment et n'importe où, sont présentés comme des habitations à la location. Exemple, au lieudit Dessolier, près d'El Harrach, une construction comportant deux pièces et une sorte de cuisine est négociée au prix de 8000 DA/mois avec un an d'avance. N'ayant pas les moyens, de nombreuses familles, aux ressources financières limitées, optent malheureusement pour ce type de logement. Il faut dire que le marché de la location est aujourd'hui tel qu'il échappe à toute logique concernant les prix pratiqués, les lieux valides à l'habitation et les commodités censées être fournies. Il favorise, en tout cas, un important flux d'argent entre les différents partenaires : client, propriétaire, agence immobilière et notaire. Mais aussi du côté des transporteurs privés pour qui les déménagements sont actuellement une aubaine. Les tarifs pratiqués sont 800 DA pour une camionnette Renault 504, 1200 DA pour un camion Saviem et entre 1500 et 2500 DA pour des fourgons type Boxer. Cela intervient notamment durant deux périodes charnières concernant la location : septembre et janvier.