Le problème, vécu au quotidien par les citoyens, se pose avec acuité surtout que plusieurs patients ont frôlé la mort faute d'une prise en charge sérieuse. Le problème de l'absence des médecins spécialistes à Souk Ahras est vécu avec résignation par l'ensemble de la population locale et n'est jamais résolu de manière radicale par les instances centrales. Les évacuations ininterrompues vers les structures hospitalières de Annaba, déjà submergées par ses propres patients et ceux en provenance des autres wilayas limitrophes, ne dérange, outre mesure, aucune autorité, encore moins le ministère que l'on sait au courant du « cas Souk Ahras ». Pas d'urologues pour soulager les vessies de ces centaines de malades qui déferlent quotidiennement vers le service des urgences et rentrent quelques heures après sans prescription, avec, en plus, un pic de tension artérielle ou une poussée d'adrénaline. Pas de chirurgie pédiatrique ni de néphrologue ni de radiologue, et personne parmi les représentants du mouvement associatif, les députés ou les élus de l'APW, ne s'en offusque. Abdebasset Mahfoudi, un enfant de neuf ans, admis récemment à l'hôpital régional de Souk Ahras pour une double fracture a frôlé la mort avant d'être évacué en urgence vers Annaba. Pour un hôpital qui couvre théoriquement plus de 16 communes, l'on compte un seul anesthésiste-réanimateur, un cardiologue, deux chirurgiens et deux gynécologues pour une wilaya où le taux de natalité est de plus de 2,3%. L'ouverture de quelques cliniques privées a réduit un tant soit peu du calvaire vécu au quotidien par les citoyens de Souk Ahras. Les prix exercés en sont le premier inconvénient. Le citoyen moyen ou le petit fonctionnaire ne peuvent se permettre le luxe de dépenser 60 000 DA pour une intervention moyenne. S'agissant toujours du secteur privé, des spécialistes détenteurs de monopole se permettent tous les excès au niveau de leurs cabinets et vouent leurs patients aux pires des supplices : chaînes interminables à partir de 4 h du matin, mauvais accueil, salles d'attente exiguës et sans aération et pour clore le tout, une dîme au profit des agents d'accueil pour un meilleur classement sur la liste d'attente.