Le ministère de l'Education nationale vient d'instituer un nouveau calendrier des vacances qui s'étale sur six périodes de congé. Cette mesure aura-t-elle des conséquences positives sur le rendement des élèves et des enseignants ? Si cette mesure est accompagnée par d'autres, à savoir l'amélioration des conditions de vie et de travail au sein des établissements scolaires et aussi au niveau des programmes, ces coupures seront d'un apport positif. Mais il faut souligner que la durée de travail n'est pas respectée, la désertion des écoles commence bien avant la fin officielle de l'année scolaire. Par ailleurs, ce que devrait faire le ministère, de mon point de vue, c'est d'alléger la journée. Car il n'est pas normal d'enfermer l'élève pendant plus de 7 heures dans une salle. La journée est très dense, notamment avec le programme actuel. C'est dur à supporter psychologiquement et pour l'enfant et pour l'enseignant. On aurait souhaité alléger la journée, compte tenu des conditions de vie des élèves tant à l'intérieur des classes qu'à l'extérieur. Certains élèves rejoignent leurs écoles en faisant 5 à 10 km en marchant, sans parler de la surpopulation dans les classes. Il aurait fallu agir à ce niveau. D'autant plus que les programmes de divertissement sont rares... Tout à fait. Cela vient justement compliquer davantage l'évolution de l'enfant. Il faut rapidement aller vers l'introduction de volumes horaires importants consacrés à l'éducation physique et culturelle dans les écoles. L'enfant ne doit pas se sentir enfermé entre quatre murs. Les séances dédiées au sport et aux activités culturelles doivent être assurées par d'autres enseignants que ceux qui assurent les matières scientifiques. Il est extrêmement nécessaire de mettre l'enfant en rapport direct avec l'environnement et la nature. Le sport et la culture sont des facteurs qui développent les facultés intellectuelles chez l'enfant. Or, il me semble que ce paramètre est ignoré dans le système scolaire algérien. Cela participe en grande partie à l'échec scolaire qu'on enregistre chaque année. Dans ces conditions justement, quel impact pourrait-il y avoir sur l'enfant scolarisé ? Cela ne va pas apparaître dans l'immédiat, mais à long terme, l'enfant va lâcher. Il se produira chez lui un sentiment je ne dirais pas de haine de l'école, mais plutôt de refus de l'école. L'enfant ira à l'école à reculons. Il connaîtra une fatigue intellectuelle. Par conséquent, l'enfant qui a évolué dans les conditions que nous venons de décrire deviendra un adolescent incontrôlable au lycée et finira par fuir la classe. Pour répondre à votre question, l'impact de cette façon de voir et de faire conduit à une déperdition et à un échec scolaire importants. L'élève n'aime plus l'école, il la subit. Tant qu'on n'insère pas l'école dans une vision globale qui tienne compte des dimensions psychologique, sociale, scientifique et culturelle, elle ne peut mener malheureusement qu'à des échecs. En parlant justement de psychologie, rares sont les établissements scolaires auxquels sont affectés des psychologues qui assurent le suivi des élèves ? Absolument, c'est l'un des problèmes dont souffre l'école algérienne. Même si nous avons pris conscience de l'indispensable présence permanente des psychosociologues à l'intérieur même de l'enceinte scolaire, il reste que la mise en application fait défaut. Il faut dire que nous n'avons pas encore une école qui répond sérieusement aux normes scientifiques et pédagogiques. Il est clair que les psychopédagogues et psychosociologues que forme l'université algérienne laissent à désirer. Cependant, nous avons les moyens de faire venir des experts étrangers. L'école doit s'ouvrir sur le monde.